Yogyakarta, Indonésie
Nous avons quitté Manille en
direction de Jakarta en soirée pour n’arriver que le lendemain midi. Pour la
deuxième fois depuis le début de notre voyage, nous avons passé la nuit dans
l’aéroport de Singapour. D’ailleurs, on commence à bien le connaître. Assez pour
savoir qu’au fond du terminal 2,
il y a des bancs qui se rétractent en position horizontale dans une petite
salle tranquille. On sait aussi qu’un peu partout dans le terminal 1, il y a
des chaises qui font des massages de pieds et que c’est gratuit (oui, oui !) et qu’un des petits cafés du terminal 1 fait des
super bons croissants. Plein de petites choses pour rendre une nuit dans un
aéroport moins pénible. Seul hic, la climatisation extrême qui nous donne l’impression
d’être au pôle nord. Cette fois-ci, nous avons décidé de se préparer à
l’avance. Il fallait nous voir couchés sur nos bancs rétractables en dessous de
nos paréos, foulards, t-shirt, chandails, etc. On avait l’air de 2 sans abris.
Mais bon, quand il faut ce qu’il faut…
On a finalement atteint Jakarta
en plein dans la grande chaleur de midi. Assis dans le shuttle qui passe de
l’aéroport à la ville, on colle littéralement à nos sièges de cuir. Notre
voisin de siège nous regarde suer notre vie avec un petit sourire en coin et
nous dit :
-
This
is Jakarta. Welcome to Indonesia.
On ne sait pas trop quoi répondre à ça...
-
Thank you?
On vous avait dit que l’Asie
n’accommode pas les piétons. Cette
observation est d’autant plus vraie à
Jakarta, ville où les piétons sont quasi inexistants et où il faut littéralement
faire un acte de foi au moment de traverser la rue. Contrairement au Vietnam,
les voitures et les motos ne vous évitent pas. Elles foncent. À vous de
vous synchroniser avec leur passage. Les gens optent
plutôt pour les tuktuks ou les taxis mais comme on aime marcher et que
ça nous permet en même temps de visiter la ville, on essaie de les éviter quand
c’est possible. À Jakarta par
contre, notre entêtement à marcher était
presque comique. Les policiers qui
avaient pitié de nous qui essayions
de traverser la rue, bloquaient
parfois la circulation pour nous donner une chance.
Nous
avons décidé d’élire domicile sur Jalan Jaksa, une rue plus touristique
mais supposément charmante de la ville. En fait, c’est plutôt une avenue sans
arbre avec les trottoirs défoncés mettant ainsi à nue les égouts qui
passent en dessous. Dans la chaleur
Indonésienne, l’odeur qui s’en dégage
est plutôt désagréable. Seul élément plus agréable, les cafés et petits restos
servent de la bouffe et de la bière vraiment pas chère. Certains ont des
étagères entières de livres ce qui vous
permet de bouquiner avec une bière fraîche sous un ventilateur en attendant que
le gros de la chaleur passe. Malgré cela, Noémie qui couvrait une grosse grippe
d’homme (ça ce n’est pas drôle…), a décidé au bout de 24h que c’en était assez
de Jakarta et le lendemain nous avons pris le premier train pour Yogyakarta
(prononcez Jodjakarta). Pendant 8 heures, le train traverse l’île de Java presque
au complet en passant parfois parmi de jolis petits village, parfois en plein cœur de la forêt
tropicale. Et comme on est directement sur
l’équateur, c’est luxuriant comme
jamais. Le train traverse
également les rizières en terrasse derrière lesquelles se dressent les cônes
parfaits de gigantesques volcans dont certains émettent un peu de fumée.
Nous atteignons finalement Yogyakarta
en fin d’après-midi. Nous avons trouvé une petite guesthouse ultra bon marché
tenue par une sympathique famille au fond d’une ruelle fleurie. Yogyakarta est une
ville mignonne avec des petites maisons aux toits faits de tuiles en terre
cuite rouges. Au cœur de la ville se trouve le kraton, la ville fortifiée qui
abrite le palais du sultan de Yogyakarta.
Jodja, comme la surnomme les locaux, a réputation d’être une ville agréable
pleine d’étudiants et d’artistes. Par conséquent, le coût de la vie y est incroyablement bas. L’art local le plus connu
est le batik, soit de la peinture sur
textile fait avec une technique élaborée et ancienne qui demande une journée de
travail pour chaque couleur utilisée. En ville, une tonne de magasin vendent le
travail des artistes locaux. Au risque de créer la polémique, on va oser vous
le dire, on n’est vraiment pas fan du batik. On a vu une
« exposition » plus pour comprendre la technique qui est complexe
mais en fait, on trouve généralement que c’est d’un kistch. Un peu partout, on
nous arrête dans la rue pour nous demander si nous avons vu telle ou telle
exposition.
-
Non !?!
Vous ne l’avez pas vu ?!? Il faut y aller maintenant, elle se termine
aujourd’hui même !
-
Hum… Peut-être plus tard…
Il consulte sa montre et continue
-
Elle finit même dans 2 heures. Il faut y aller
dès maintenant, je vais vous y amener.
Et même si on protestait, la personne
pouvait nous suivre patiemment pendant 30 minutes à essayer de nous convaincre.
Quand, exaspérés, on osait dire qu’on ne voulait pas acheter de batik, les gens
étaient sidérés.
-
Quoi ? mais pourquoi ?
Le problème ici c’est qu’on ne peut
pas mentir et dire qu’on n’a pas de place dans nos bagages. C’est un morceau de
tissu. Ça ne prend aucun espace. Donc, il faut être honnête.
-
Ben… on n’aime pas beaucoup le batik.
-
QUOI
?!?!?!
Et toutes ces expositions qui
finissaient aujourd’hui, on les recroisait bien
sûr le lendemain. Ça nous faisait bien rire. En ville, les gens
surnomment ces groupes de vendeurs malhonnêtes la « batik mafia ».
Les artisans de Yogyakarta pratiquent aussi le travail de l’argent. Nous sommes
allés visiter un atelier un peu à
l’extérieur de la ville et avons été pas mal plus impressionné par ce travail
si délicat qui demande patience et minutie que par le batik…
travail de l'argent |
Line up de tuk tuk |
Ruelle de Yogya |
Phil et un représentant de la batik mafia |
Enfin, nous avons gardé une journée
pour aller visiter le temple bouddhiste de Borobudur à quelques kilomètres de
la ville. Malgré que l’Indonésie soit le pays comprenant le plus de musulmans
au monde, il y a une importante diversité religieuse dans le pays. Les
musulmans côtoient les chrétiens, les bouddhistes les hindouistes, les animistes, etc.
Le temple de Borobudur est particulier puisqu’il est incroyablement bien
conservé. En fait, il a été enseveli sous une couche de plusieurs centimètres
de cendres durcies suite à l’éruption du Merapi, le volcan le plus actif de
l’Indonésie qui se trouve tout près du temple. Pendant des siècles, ses
gravures et ses sculptures ont été protégées par cette couche de cendre,
jusqu’à ce qu’il soit nettoyé au début du 20e siècle. Son emplacement est aussi très
impressionnant : en plein milieu de la jungle et entouré de deux volcans.
En observant ces volcans à l’horizon, nous avons convenu que notre prochaine
destination serait le volcan Bromo, à l’est de Java, lui-aussi très actif.
La déesse à la mope : elle est de retour ! |
c'est tout simplement formidable. Bravo à vous deux
RépondreSupprimer