jeudi 24 novembre 2011

Retour vers l'occident


Pilote :
-          Il est présentement 21h, heure de Melbourne et la température extérieure affiche un beau 11°.

Noémie :
Hein? Ils sont en Fahrenheits ou en Celsius ici?

Phil :
-          Ben voyons Noémie! En Celsius! imagine 11 fahrenheit comme ce serait froid!

Noémie :
-          Ah oui, c’est vrai, tu as raison. Mais 11°C, c’est froid! C’est l’Australie ici pas le Canada!

Hé oui, il y a un hiver en Australie. Et dans le sud, à Melbourne entre autre, il fait froid. Nous en bons vagabonds peu organisés, on n’était pas au courant. Nous, on s’attendait à la grande chaleur. Comme en Australie non? On n’était pas supposés de crever de chaleur et d’attraper le cancer de la peau à cause des puissants rayons de soleil (et du trou dans la couche d’ozone)? En t-shirts, c’est pas chaud, 11°!  

On entre dans un taxi en grelottant. Surprise ! Le chauffeur est Indien.

-          Where are you guys coming from today ?
-          Well… this is kind of funny… India !

Et le chauffeur de s’exciter!

-          India ! No way! I’m from India!
-          Yes we got that…

Quel dépaysement…

Sauf qu’au lieu de nous coûter 4$, la ride nous en coûte 40$
Et le chauffeur s’arrête aux feux de circulation.
Et il n’y a pas de vaches qui coupent le chemin.
Et il y a des ceintures de sécurité dans la voiture.
Et… finalement à part le chauffeur indien ça n’a rien à voir avec l’Inde!
On jase longuement de notre voyage avec le chauffeur qui est ravi de pouvoir parler de son pays natal. Au bout de 20 minutes, il nous dépose en face de l’auberge de jeunesse. Dans l’entrée une dizaine de personnes fument des cigarettes.

-          HHHEEEEEYYYYY !!!!!!!
-          Euh… hey !?
-          HEY FRIEEEENNDDS !!!

Ah… Ils sont soûls. On regarde notre montre. 23h. Déjà soûls comme ça à 23h?

Philippe qui n’a jamais mis les pieds dans une auberge de jeunesse craignait qu’en arrivant à 23h, on réveillerait les gens dans notre dortoir. Le voilà rassuré. À 23h, personne ne dort. Tout le monde commence à se diriger bien pompette vers les bars du quartier parce que l’établissement cesse de vendre de l’alcool. Soudainement, l’endroit qui grouillait de vie une minute plus tôt est complètement mort. Heureusement parce qu’après 13h de vol, on est épuisés.

Le lendemain, on observe la faune de l’auberge de jeunesse avec intérêt :

Le sujet est généralement Européen et âgé de 18 à 22 ans. Il se lève vers 11h-12h avec une gueule de bois. Il végète sur un sofa pendant quelques heures avant de s’activer. Il se nourrit principalement de toasts au beurre d’arachide et de pâte aux tomates et s’abreuve de goon. Le goon est un vin cheap ultra sucré et très peu cher (une tasse de goon, oui oui une tasse vous avez bien lu, vaut 1$) qui vous donnera un mal de bloc assuré le lendemain matin. Le mot goon provient d’un mot aborigène qui signifie «oreiller» puisque le fameux breuvage est vendu sous forme de «vignier». Lorsque terminé, il est fort pratique de gonfler le sac du «vignier» pour faire une p’tite sieste bien méritée.

Le sujet marque son territoire en étalant l’entièreté de ses vêtements et effets personnels sur la plus grande surface possible des dortoirs. Objectif : cacher le plancher. La femelle dégage une fragrance fruitée alors que le mâle dégage une forte odeur de vieux bas. Afin d’attirer le mâle, la femelle passe la journée à se poupouner. Comme les oiseaux exotiques, elle se couvre (mais pas trop quand même) de couleurs vives pour attirer l’attention des mâles. Ses bagages comportent plus de vernis à ongle que de sous-vêtements. Quant à lui, le mâle masque son odeur de vieux bas sous une couche d’Axe et de gel pour les cheveux.  Les deux sexes se retrouvent  dans les clubs du quartier branché St-Kilda pour se faire la cours jusqu’aux petites heures du matin sous la musique assourdissante. Cela les mène à de longues conversations élaborées.

Nos recherches scientifiques nous amènent à conclure qu’il s’agit en fait d’une nouvelle espèce de backpackers qui se nomme «flashpacker». On les retrouve notamment en Australie et en Europe. Contrairement au backpackers, ils sont plutôt sédentaires et vivent dans les villes où ils travaillent un mois sur 2 afin de payer pour leurs soirées.

Notre rencontre avec cette nouvelle espèce a été troublante. On s’est senti tel l’homme de Cro-Magnon qui rencontre l’homo sapiens : on a les cheveux trop longs, la barbe de Phil commence à prendre des proportions inquiétantes, notre hygiène laisse à désirer, notre linge est troué et passé mode et on est cernés jusqu’au  menton dû au long voyage. Bref, on fait durs et ils sont beaux. Ouch.

Première rencontre avec la nouvelle espèce :  
Un jeune Français qui vit dans le même dortoir que nous approche Noémie alors qu’on relaxe tranquillement sur un sofa :

-          Hey! Vous sortez avec nous ce soir
On échange un regard paresseux :
-          Bah… non, on va rester tranquille ce soir je pense

Il insiste :

-          Allez! On va au club Surf Paradise! Venez donc avec nous!
-          Non merci. On se reprend cette semaine peut-être (ou pas, c’est juste une façon de m’en sortir)

Il devient sérieux soudainement :

-          Quel âge tu as?
Je commence à avoir peur.
-          … 25 ans… Pourquoi?

Il soupire longuement :

-          Un jour j’aurai 25 ans et je n’aurai plus envie de sortir. Je n’ai pas hâte…

Ouch.

Je regarde Phil :

-          On sort.
-          Sérieusement ?  (désespoir dans la voix)

On se retrouve donc au club branché «Surf Paradise» où la première consommation nous est offerte : une chaudière (oui oui, une chaudière) de vodka red bull. On ne peut réprimer un fou rire. On danse 30 minutes sans trop de conviction jusqu’à ce qu’un gars trop soûl renverse l’entièreté de sa chaudière (oui oui, une chaudière) sur Phil. On se faufile subtilement vers la sortie pour éviter d’être repéré et on s’enfuit vers l’auberge. C’est à partir de ce moment qu’on a fait la paix avec notre statut de vieux (mais pas tant que ça quand même! Ok pas si en paix que ça finalement…)

Melbourne c’est quand même autre chose que les flashpackers! On a adoré cette ville qui nous a rappelé Montréal sur plusieurs point : la mer, le service ultra-efficace de tramways, les rues impeccables sans nids-de-poule, les fish and chips… Oups, mauvaise liste!

En fait, Melbourne est considérée comme la capitale culturelle de l’Australie. On y retrouve une multitude de musées, de petits cafés, de marchés extérieurs, de bistrots branchés et…. DES BIXIS BLEUS ! On a adoré errer dans les rues du quartier Fitzroy qui nous a rappelé le plateau, boire des cafés délicieux, se perdre sur les lignes de tramway, observer les kite surfers sur la plage en fin de journée, manger des fish and chips au marché et des dim sums dans le chinatown, regarder les gens déambuler dans le centre-ville et traverser la rue sans risquer sa vie. Malgré le premier choc avec les flashpackers, on s’est senti chez nous à Melbourne. Après les expériences indiennes, Melbourne a été comme une bonne soupe poulet et nouilles lipton. Home sweet home.



Manger des calmars frits au marché. Miam

Sea basket au marché Victoria. 

vélo vert
'a
Pensif devant un café 
BIXI bleus :)

Contente d'être en Australie




Tram au centre-ville

Bébé. Chauve-souris. Ils sont partout dans Melbourne. Malade.

lundi 21 novembre 2011

Le sous-continent indien vu par Phil et Noémie (partie 2)


K pour Kilomètres
L’inde est un grand pays. On n’aura jamais parcouru autant de distance en si peu de temps. À bord d’avion, d’autobus, de jeep, de motos, de scooters, d’auto-rickshaw, de cycle-rickshaw et de train, on a sillonné le nord de l’Inde et du Népal où les routes sont si mauvaises que 400 kilomètres se traversent en 20 heures !

Top 3 des trajets les plus pénibles 
3 :  2 jours de transport entre Shillong (nord est de l’Inde) et Kathmandu. On est parti le matin de Shillong vers Guwahati (4 heures) pour prendre un train vers Siliguri (7 heures) où on a dormi. Le lendemain matin, une jeep nous a amené vers la frontière du Népal (1 heure) où l’on a pu prendre un dernier bus vers Kathmandu (15 heures). Pas besoin de mentionner que nos fesses n’en pouvaient plus.
2 : 35 heures de train entre Delhi et Siliguri. Tellement long que Noémie en a développé des problèmes de nerf sciatique !
1 : 400 kilomètres en 20 heures de jeep tape-cul entre Srinagar et Leh. Noémie a eu la peur de sa vie et Phil était malade. Conditions gagnantes pour un voyage agréable.
Un p'tit tour de riskshaw, Jaipur


pensive dans le train

L  pour Limonade
Pendant les 3 derniers mois et demi, on a carburé à la limonade fraîche. Matin, midi, soir. En arrivant dans le nord-est de l’Inde, nous avons découvert que les gens boivent leur limonade avec du sel. Quand on oublie de mentionner que l’on souhaite une limonade sucrée, on reçoit un jus de lime salé (et pas à peu près, c’est la mer morte dans ton verre). Ça a donné lieu à des  grimaces mémorables (tsé quand tu t’attends à ce que ce soit sucré et finalement c’est vraiment salé…)

M pour montagnes ou M pour mousson
On hésite entre lequel de ces deux  mots est le plus représentatif… En tout cas, les deux nous auront suivis tout au long de notre périple et parfois en même temps, comme à Manali et à Dharamsala quand le ciel nous est tombé sur la tête et même pendant notre trek dans l’Himalaya! L’Inde pendant la mousson, c’est BEAUCOUP de pluie et d’humidité!

L’Himalaya et son immensité aura été le centre ou l’arrière plan de la majeure partie de notre voyage, au Népal, au Kashmir, à Leh, dans l’Himachal Pradesh, à Darjeeling ou dans le nord-est. Ces montagnes resteront gravées dans nos mémoires comme les paysages les plus majestueux que nous ayons jamais observés!
Se faire prendre par la pluie, Leh

Himachal Pradesh, paysage typique. 
                                          
N pour négocier
Lorsqu’on vous propose un prix en Inde, il faut toujours négocier serré. Il faut partir du principe que le prix est au moins 2 fois trop élevé. Pour négocier, les deux parties sortent leur jeu d’acteur. Le marchand propose un prix, nous arborons une expression consternée : C’est beaucoup trop cher ! On coupe le prix en 2 (minimum). Le vendeur prend un air offusqué : un instant c’est du stock de qualité ! Il propose un prix entre les deux. On fait semblant de tergiverser, on propose d’y penser et de revenir plus tard et on se dirige vers la porte ! Non, non ! Attendez, je vous fais un bon prix ! On coupe encore quelques roupies. On accepte. Le vendeur «offusqué» et les acheteurs «consternés» arrêtent de jouer et on échange les roupies contre l’objet dans la bonne humeur !

O pour Odeur
Ouf… l’inde ça ne sent pas toujours les roses… À titre d’exemple, à Mumbai, il y a 17 toilettes publiques pour chaque millions d’habitants ! Ils y sont 16 millions. Et voilà pour l’odeur.

P  pour Pauvreté
Le Népal et l’Inde sont parmi les pays les plus pauvres au monde. Ça, on le savait avant d’y aller. Pourtant, rien ne pouvait nous préparer à ce à quoi nous avons été confrontés. Ce qui fait le plus mal, c’est de voir les enfants. Souvent tout sales et tout maigres, ils mendient dans la rue, souvent pour payer la protection d’un crotté quelconque qui les exploite. Pour faire plus «pitié», on les fait quêter avec un bébé dans les bras, tout sale aussi et l’air mal en point. D’autres font des «spectacles» dans le train (genre des roues latérales le long du wagon, ou chantent une petite chanson) ou nettoient les wagons à quatre pattes par terre. En lisant un peu sur la question, nous avons bien été mis en garde d’éviter de donner de l’argent, de la nourriture ou des objets aux gens dans la rue, surtout aux enfants.  D’une part, cela  encourage un racket qui les exploite et d’autre part cela encourage les enfants qui sont libres à rester dans la rue. Plusieurs organismes aident les enfants dans la rue en leur apportant des solutions à long terme. C’est à eux qu’il faut donner si l’on souhaite vraiment aider. C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. En tant qu’occidentaux, on se sent constamment coupables devant tant de misère. On se sent coupables d’avoir une vie si facile qu’elle nous permet de voyager ! Alors on donne pour se déculpabiliser ou pour se sentir bien avec soi-même. Ces organismes supplient les touristes de cesser de donner aux gens dans la rue en leur rappelant que dans ce contexte, donner est égoïste!

Nous avons aussi été choqués par l’immensité des slums à Mumbai. Par la quantité de gens qui vivent dans les stations de train, dans l’odeur d’urine avec les vêtements qu’ils ont sur le dos comme seule possession. Par les handicapés de toutes sortes qui n’ont aucun moyen de gagner leur vie dans la jungle qu’est l’Inde. La pauvreté en Inde est violente. Elle prive de toute dignité ceux qui en souffre. Et si quelques uns semblent trouver en eux la capacité de sourire malgré tout, on voit tant de visages émaciés, tristes, frustrés, épuisés.




Q pour Questions
La curiosité des Indiens n’a pas son pareil nulle part ailleurs. On a répondu aux mêmes questions d’innombrables fois. On a parfois même songé à se tatouer dans le front qu’on venait du Canada. Autre fait cocasse est cette habitude qu’ont les gens de prendre des photos avec les touristes. Plusieurs fois par jours, des gens (souvent des familles en vacances ou des jeunes hommes) nous interceptaient pour nous demander de nous prendre en photo avec eux. On se demandait bien ce qu’ils en font après. L’échange ne va pas plus loin que le clic de photo et la sempiternelle question (which country?). On s’imagine que c’est pour montrer à leur amis : «regarde, c’est moi avec mes amis du Canada!»
Se faire prendre en photo par un inconnu. Malaise. Pourquoi il me prend par les épaules ?

R pour Règles
Dans un pays où règne le chaos total, nous avons été bien surpris de voir avec quel soin les règles sont appliquées par les officiels en ce qui concerne le contrôle des touristes. En arrivant dans une Guest House, il faut remplir un questionnaire exhaustif sur notre identité et notre itinéraire et fournir une photocopie de notre passeport et de notre visa. D’ailleurs, les règles pour les visas sont changées fréquemment ce qui fait que personne ne s’entend sur la marche à suivre mais tous renforcent les règles (celles dont ils sont au courant du moins).

S pour saleté ou pour surpeuplé
Beaucoup de gens + absence de gestion des déchets = Pas propre.
Un des problèmes le plus criant en Inde est l’absence de gestion de déchet. Des décharges improvisées se retrouvent un peu partout dans les villes, les villages, aux abords des routes. Il est aussi troublant de constater que les poubelles sont inexistantes. Si l’on demande à un commerçant s’il a une poubelle pour jeter un sac de chip par exemple, il rira en pointant le sol : «jette ça par terre !».

Un autre fait marquant de l’Inde est la quantité de gens. On ne va pas en Inde pour trouver la tranquillité. Il y a des gens PARTOUT ! Et beaucoup ! Pour nous qui partageons un immense territoire à 35 millions, il faut s’habituer à la proximité des 1,2 milliards d’habitants de l’Inde.

T pour temples
À notre grand bonheur,  l’Inde aura été pour nous le pays des temples. Bouddhistes, Hindous, musulmans, Jains, Parsis, Brahmanes, Catholiques, etc, amenez-en des lieux de culte, on est capable d’en prendre! Nous avons d’ailleurs été surpris de voir la tolérance avec laquelle les Indiens et le Népalais accueillent la grande diversité religieuse de leurs pays. Pas besoin d’accommodements raisonnables ici! Les temples des différentes religions (surtout Hindoue et bouddhiste) se trouvent souvent côte à côte dans les mêmes complexes religieux !
Mosquée, Kashmir

Holy lake, Pushkar

Temple bouddhiste, Dharamsala

Temple brahmin, Pushkar

La déesse à la mope, Jaipur

Temple hindou, Brahktapur

Temple hindou, Brahktapur

Monastère bouddhiste, Darjeeling

Bouddha eyes, Kathmandu

Bouddha géant, Leh

Temple hindou, Rishikesh

U pour us et coutumes
Malgré que l’Inde notamment soit fortement intégrée dans le marché mondial, les habitants continuent à honorer les traditions ancestrales. Cela donne lieu à des moments parfois cocasses. Dans la rue, on pourra croiser un vieil  homme en costume traditionnel du Bengale (le dhoti, une jupe blanche) parlant au téléphone cellulaire avec son banquier à propos de ses actions. Il vient d’aller porter des offrandes au dieu de la prospérité (une bouteille de coke déposée devant l’effigie du dieu au temple), le moment est propice aux transactions.

V pour vache
Vous le savez, la vache est sacrée pour les Hindous. Au Népal et en Inde, en dehors des grandes métropoles comme Delhi, Mumbai ou Kathmandu, les vaches sont partout. Il faut bien regarder là où l’on pose les pieds… Un de nos plaisirs quotidiens en marchant dans les rues était de toucher ces vaches qui errent ça et là à la recherche d’un bon bout de papier journal à mâchouiller. En bonnes vaches bien dociles, elles ne lèvent même pas la tête de leur tas de vidange lorsqu’on les touche.  Selon les Hindous, ça porte bonheur (et puis c’est l’fun).

Les vaches en sont venues à faire partie de notre quotidien.  Donc lorsque pendant le trek au Népal j’ai vu un taureau qui bloquait le sentier, je n’ai pas réalisé que cela pouvait être problématique... Bien étendu en plein milieu de la place, le taureau s’est levé prestement à mon approche. Phil, flairant le danger, m’interpelle.
-          Attention. Il n’a pas l’air content.
-          Ben voyons, c’est juste une vache. On en a croisé des milliers!

En me voyant m’approcher encore, le taureau expire bruyamment et frotte le sol de ses sabots. Je ralentis le pas, incertaine, mais je continue tout de même (belle innocente!). S’en est trop pour le taureau, il commence à courir tête baissée ! Voyant cela, je me mets à courir en direction opposée en criant comme une fillette :

-          hhhaaaa !!! Phiiiiiiiiiiiiiiiiillllllll !  

Ne se sentant pas de taille pour affronter la bête, il a lui aussi pris les jambes à son cou ! Heureusement, le taureau a abandonné sa course au bout de quelques mètres nous laissant sains et saufs mais un peu traumatisés. Après sur les sentiers, on faisait des détours ridicules pour éviter les vaches !
Cycle rickshaw, vache, Pushkar 


W  pour Wagon
Le meilleur moyen de transport en  Inde est le train. Leur réseau est super étendu et passe littéralement partout et ce, quotidiennement. En plus, c’est certainement le transport le plus économique, rapide et confortable. Cela dit, le voyage peut tout de même être pénible dans les mauvaises conditions. Quand on réserve un billet de train entre, par exemple, Delhi et Agra, on aura le choix entre une quinzaine de trains, entre plusieurs classes, entre plusieurs sièges. Pour faire bon voyage, nous avons réalisé qu’il est important de bien sélectionner son train et son wagon.

Comment sélectionner son train en Inde par Phil et Noémie
1)      La première chose à regarder est le nombre d’arrêt. Quand le train en fait plus que 10 pour un trajet de 200 km, ce n’est pas gagnant.
2)      Regarder l’heure de départ et l’heure d’arrivée. Arriver dans une ville à 3h du mat, c’est désagréable. Ça veut dire attendre dans la station de train qu’il soit une heure décente pour arriver à la guest house. Et les stations de trains, c’est déprimant.
3)      Ensuite il faut sélectionner la classe. Voyager en 1er et 2e c’est bien mais et les places sont limitées et ça coûte cher ! La 3e classe était notre favorite : climatisation, couchettes et draps fournis, on aime ça. Pour les plus économes, il y a la classe sleeper dans laquelle il y a des couchettes mais pas de fenêtre. On vous averti : il est possible que vous soyez ensevelis de poussière et sourds à l’arrivée mais la classe sleeper est une expérience qui vaut la peine d’être vécue au moins une fois pour l’ambiance (lire les anecdotes de Phil sur le sujet). Enfin il y a la classe sans nom. On ne l’a jamais essayé mais on s’y est déjà retrouvés par inadvertance. C’est la classe où il y a tellement de monde que tu ne vois pas le fond du wagon et que les gens se tiennent à l’extérieur du train. Peu recommandé pour ceux qui souhaitent s’assoir pendant leur voyage de train. 
action dans le wagon

Wagon plein

Y pour yoga
Le yoga en Inde a complètement changé notre vision de cette discipline ! Ce que l’on connaissait du yoga avant d’arriver en Inde est ce qui nous avait été offert à Montréal : une activité qui attire principalement les femmes de tout âge cherchant à se mettre en forme et à réduire leur stress. En Inde, le yoga est une entreprise beaucoup plus sérieuse. Je l’ai compris lors de mon séjour dans un ashram à Rishikesh. D’abord, pour des raisons culturelles, les yogis sont en général des hommes. Les femmes sont à la maison à s’occuper des enfants pendant que les hommes atteignent l’illumination dans un ashram. Je vous l’ai dit, pour l’égalité des sexes en Inde, on repassera. Mais je m’égare…  Donc, pour les ashramites avec qui j’ai vécu, l’objectif de la pratique du yoga est d’atteindre un état d’union entre le corps est l’esprit (d’ailleurs yoga veut dire «union» en sanskrit). Cette union s’atteint par la méditation. La méditation, en gros, c’est de s’assoir en Indien en récitant mentalement un mantra dans le but de faire le vide de l’esprit dans un premier temps et ensuite atteindre l’illumination et le contrôle total sur le corps et l’esprit. Laissez-moi vous dire que c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire! Les ashramites passent des années en ashram à suivre des cours pendant  8 heures par jour pour y arriver. Ça n’est pas aussi simple qu’il y parait que de s’assoir le dos droit sans bouger pendant une heure. C’est là qu’intervient la partie physique du yoga, celle que l’on nous enseigne à Montréal. Cette partie sert à délier le corps pour permettre de méditer longtemps sans trop souffrir. Bref, on se met en forme pour être capable de rester assis !

Méditer une heure avec Noémie                                                          
4h45 du matin, assise en indien au sol, je ferme les yeux, pleine de bonne volonté. C’est parti pour une heure. D’abord je me demande si mon dos est bien droit, je gigote un peu sur mon tapis. C’est bon, il est droit. Je commence à réciter mon mantra pendant… ah un gros 3 minutes. Puis je commence à réaliser que j’ai faim. Je me demande ce qu’on va manger pour souper. Ça serait bien un bon curry d’aubergine comme il y a 2 jours. Oups ! Je me suis perdue ! Et hop le mantra à nouveau. Est-ce que j’ai dit à Phil d’amener plus de crème solaire? Je pense que non. Faudrait bien que je le note. Oups, mantra. C’est bon pour un bon petit bout jusqu’à ce que je me rende compte que je cogne des clous. Rester éveillée, rester éveillée ! Je continue à réciter mon mantra en somnolant. Oh non, je me fais piquer par un moustique !!! haaaa!! ça pique, ça pique !! Reste immobile Noémie, reste immobile, fais abstraction. Ah et puis merde (je me gratte subtilement en chassant le moustique) ! Bon, pour le reste je serai bonne. On ne bouge plus, on reste éveillées et hop le mantra ! Au bout de 10 minutes de semi concentration, je commence à avoir les jambes engourdies. Ne pas bouger Noémie, ne pas bouger, fais abstraction… haaa j’ai plein de picotements c’est insupportable ! Ah et puis merde ! J’étire subtilement mes jambes. J’entrouvre mes yeux pour m’assurer que personne n’a remarqué et je les vois tous assis, bien droit, l’air tout paisible et je jure intérieurement. C’est raté pour moi! Pas d’illumination aujourd’hui. Comme me disait mon professeur, mon esprit est un singe que saute constamment d’arbre en arbre.

Z pour z’êtes encore là
Y’est assez tard, allez vous coucher bonsoir !

P.S. Merci d’avoir lu jusqu’à la fin xxx
PPS. Avez-vous remarquez qu’on a sauté le x ? C’était juste pour savoir si vous étiez concentrés… (sérieusement des mots en x, il n’y en a pas beaucoup)  

mercredi 16 novembre 2011

Le sous-continent indien de A à Z vu par Phil et Noémie (partie 1)


L’Inde et le Népal nous en ont fait voir de toutes les couleurs. Durant les 3 derniers mois et demi, on aura vécu des moments absolument exaltants et d’autres qui nous auront fortement confrontés. Le sous-continent indien nous a forcés à voir le meilleur et le pire de nous-mêmes (et de l’être humain en général) à travers des moments hauts en émotions. D’une part, l’Inde et le Népal nous ont donné un accueil chaleureux, des rencontres inoubliables, des paysages à couper le  souffle, une culture fascinante, des monuments magnifiques, une  gastronomie fantastique. D’autre, part on aura côtoyé la pauvreté extrême, la saleté, la puanteur, les arnaques et l’harcèlement, le tout dans un chaos total. Faire un retour sur cette expérience est pour nous un passage obligé. Pour le rendre plus sympathique, on vous propose de le faire sous forme d’alphabet. On vous l'a séparé en 2 deux pour que ce soit plus agréable à lire. 


A  pour Adrénaline
L’inde et le Népal nous auront donné notre part d’adrénaline ! Que ce soit avec le bungee, le rafting, la montée du camp de base de l’Annapurna, la moto au Rajasthan, le scooter à Kathmandu ou de cotôyer la foule composée de milliers de pélerins dans les rues étroites de Rishikesh pendant le festival de  Krishna, l’adrénaline aura circulé fréquemment dans notre sang!
Traverser le pont bondé de pélerins à Rishikesh

Rafting au Népal

Sauter dans le vide

Voir le soleil se lever sur une des plus hautes montagnes du monde après 5 jours de marche

B pour Bouffe
Huuuuumm, la bouffe ! On vous avait promis texte sur la bouffe indienne. Il s’est avéré plutôt complexe de prendre des photos de nos assiettes étant donné que le flash de notre appareil photo ne fonctionne pas et parce que les gens pensaient qu’on était un peu tarés. On vous propose donc d’en parler ici. En Inde, s’il y a bien un truc qui ne nous a JAMAIS déçus, c’est la bouffe. On a officiellement mangés comme des rois.

Les indiens sont des dieux du plat mijoté : du poulet au beurre, jusqu’au rogan josh (un plat d’agneau mijoté typiquement Kahmiri) en passant par le poulet Korma (poulet mijoté dans une sauce à base de curcuma), chaque repas est une explosion de saveur! Quel art que de combiner toutes ces épices (dont nous n’avons jamais entendue parler pour la majeure partie !) pour obtenir des plats qui ont à la fois du «punch» mais également une subtilité dans la saveur. On vous parle de viande ici mais nous avons été surpris de constater que la plupart des Indiens sont végétariens. Souvent par choix (les bouddhistes notamment ne mangent pas de viande, les hindous très pratiquants non plus) et d’autre fois par soucis financier. Par conséquent, la plupart des menus n’arboraient que des plats végétariens surtout à base de pomme de terre, de choux-fleurs, de paneer (une sorte de fromage qui s’apparente au tofu et au cottage…) de carotte, de pois, etc. apprêtés dans des sauces au goût enveloppant. Enfin, nous avons adorés les plats faits au tandoor. C’est un four de terre cuite de forme cylindrique dans lequel sont, entre autre, cuits les pains naan (miam !). On aura gouté à plein de trucs tandoori : du poulet, du paneer, des champignons, du poisson, etc. ! Tout ça nous aura donné plein d’idée à refaire à la maison. On vous invite à notre table à notre retour pour goûter à tout ça !
Un thali typique du nord de l'Inde : On a le chana masala (curry de pois chiche), les papadams, le curri  de patates, le raita, le dal, etc! C'est bien complet!

Une masala dosa : Une gigantesque crêpe (sérieusement, c'est hilarant la grosseur de ce truc) fait à base de farine de lentille et fourré au curry de pomme de terre épicée. Le repas préféré de Noémie.
  

Byriani aux oeuf (riz épicé), rogan josh (agneau dans une sauce à base de cardamone et de tomates) accompagné du typique pain naan (au beurre, bien sûr!)

Repas typiquement rajastani : On a oublié le nom mais on se souvient que c'était vraiment PIQUANT (mais délicieux)

C pour couleur
En se promenant dans les rues de l’Inde, nos yeux sont constamment interpellés par toutes les couleurs! Les jaunes, orangés, roses, verts et bleus des saris des femmes, les couleurs fluos des turbans des hommes, les jaunes, orange, rouges et bruns des épices. L’arc-en-ciel des étals remplis de mangues, de courge, d’aubergine, de choux-fleur, de piments forts etc. La diversité des couleurs des étals de bijoux et leur bac remplis de pierres semi-précieuses. Magnifique!
Vente de fleurs sur la place publique, Pushkar

Légume frais et femme rajasthani

Pierres semi-précieuse, Leh

temple bouddhiste, Leh

Femmes rajasthanis

Saris à vendre, Jaipur

D pour diversité
D’une région à l’autre, on avait constamment l’impression de changer de pays.  De Rishikesh ou Pushkar, villes saintes pour les Hindous qui viennent se baigner dans le Gange et le lac sacré, jusqu’au Kashmir musulman avec ses mosquées majestueuse, en passant par les drapeaux de prières des bouddhistes en l’Himachal Pradesh et au Ladakh l’Inde est un pays de diversité religieuse. L’inde est également un pays de diversité des paysages : des sommets enneigés du Ladakh, vers les montagnes plus modestes de l’Himachal Pradesh et de Darjeeling, les lacs du Kashmir, la forêt tropicale de Rishikesh, l’immensité des plaines et des rizières en terrasse du Bengale et du nord-est jusqu’à l’aridité du désert du Rajasthan.
Shikara, Kashmir

Paysage lunaire, Leh

Drapeaux de prière bouddhistes, Dharamsala

Plantations de thé, Darjeeling

Chutes de Cherapunjee (les 4eme plus hautes au monde!), Shillong 

E pour Entourloupe
C’est le pire. On se sent trahis et complètement stupides lorsque ça nous arrive. On vous en a déjà raconté quelques exemples dans notre billet sur le Rajasthan notamment à la station de train de Delhi. Les arnaqueurs sont partout en Inde et le plus frustrant, c’est de voir à quel point c’est un fait accepté par la population. Plusieurs fois lorsque nous avons été victimes d’arnaques, plusieurs personnes ont été témoins mais n’ont pas réagi. Même les gardes de sécurité de la gare de Delhi n’ont rien dit. Avec le temps on a compris que la lutte pour la survie est telle en Inde que chaque individu qui réussit à tirer son épingle du jeu est bien vu par ses compatriotes. 

F pour Faune
10 moutons, 9 moineaux, 8 marmottes, 7 lapins… On arrête là, on se souvient pas de la suite… Tout ça pour dire que des animaux, on en a vus beaucoup ! On passait notre temps à s’extasier devant une bête alors que les locaux pensaient encore qu’on était tarés (bon on n’est plus à une fois près). Par contre, on s’est habitués plus rapidement aux bœufs et aux ânes que l’ont voyait partout dans les rues qu’aux rhinocéros, aux éléphants ou aux chameaux. Enfin, la plupart des endroits visités étaient envahis par les singes qui nous ont fait rire bien souvent avec leur attitude et leurs mouvements qui s’apparentent tant aux nôtres !

Rhinocéros à une corne, Népal

Chameau-vache, Pushkar

Éléphant domestique, Népal

Singe qui baille (on dirait qu'il est fâché mais non, il baille. Plate de même.)

G pour Guest house
Les Guest houses ont été nos maisons dans les 3 derniers mois. On en a vu de toute sorte ! En général, on payait entre 2 et 10$ la nuit pour une chambre double et la qualité variait fortement et pas toujours en fonction du prix… Partout en Inde en général, en payant 10$ la nuit, tu obtiens un palace. Au Rajasthan, les plancher étaient en marbre ! Mais à Delhi, 10$ la nuit ne te garantie même pas de draps propres (Ark, les tâches suspectes sur les draps. Juste ark.). Et on ne parle pas de Mumbai. Pour 10$, tu vis dans le slum.  Voici quelques faits que nous avons observés avec le temps
1)      Les Indiens aiment le tapis. Pendant la mousson, quand tout est humide en permanence, ça donne une bonne fragrance...
2)      La délimitation entre la douche et le reste de la salle de bain est généralement inexistante. Quand tu prends ta douche c’est au-dessus de la toilette et du lavabo.
3)      L menu du restaurant est TOUJOURS le même. Et fréquemment plein de fautes d’orthographe très drôles comme capsino (cappucino), chocolet (chocolate), italian cousine (italian cuisine), tenkiyou (thank you), pliz (please) etc.

H pour harcèlement,
On aime moins repenser à ça. Les arnaques et l’harcèlement sont un mal nécessaires lorsque l’on visite l’Inde et sont une grande source de frustration pour les voyageurs.

L’harcèlement c’est comme un vendeur à la commission en version extrême. En Inde, c’est la survie du vendeur et de sa famille qui dépend de la vente de sa camelote. Quand tu marches dans la rue, ça se traduit par une horde de vendeur qui te suivent en te mettant leur produit dans le visage en criant des :
-          Good price sir !
-          Just look, looking is free sir !
-          Hello ! Excuse me sir ? Hello !
-          Kashmiri shawl ! Good shawls, very cheap! Come look inside!

D’ailleurs les Indiens vendent de tout : des cossins les plus inutiles jusqu’aux conseils sur la route à prendre. Tout est à vendre et les touristes sont les acheteurs de choix parce qu’on peut leur charger 10 fois le prix.

I pour insectes
En Inde, les règles d’hygiènes pour les cuisines sont inexistantes. Sachant cela, on ne souhaitait pas connaître l’état des cuisines de restaurants. On préférait faire du déni. Mais des fois, on en avait un aperçu lorsque, par exemple, un sandwich venait avec extra coquerelle ou des pâtes étaient gratinées au fromage et aux vers.

J pour Justin Bieber
À notre grande surprise (et à notre grand dam), Justin Bieber est connu jusqu’en Inde. Et les Indiens l’adorent! Quand les gens apprenaient que l’on venait du Canada, on recevait souvent la réponse suivante!
-          Ah ! You’re Canadian? Just like Justin Bieber!

Pas Céline. Non. Justin Bieber.

Nous, on ne savait pas qu’il était Canadien et honnêtement, on ne trouve pas ça très glorieux. Mais en Inde ça nous donnait un certain prestige de venir de même pays que Justin Bieber alors on omettait de mentionner que quand sa chanson nous reste pris dans la tête on devient agressifs. Parenthèse sur les Canadiens connus, les Népalais, eux, trippent sur Bryan Adams. On a dû entendre sa chanson Summer of 69 une bonne vingtaine de fois pendant le mois qu’on y passé. Sans exagération. Sérieusement, au moins une fois par jour.