Pilote :
-
Il est présentement 21h, heure de Melbourne et
la température extérieure affiche un beau 11°.
Noémie :
Hein? Ils sont
en Fahrenheits ou en Celsius ici?
Phil :
-
Ben voyons Noémie! En Celsius! imagine 11
fahrenheit comme ce serait froid!
Noémie :
-
Ah oui, c’est vrai, tu as raison. Mais 11°C, c’est
froid! C’est l’Australie ici pas le Canada!
Hé oui, il y a un hiver en
Australie. Et dans le sud, à Melbourne entre autre, il fait froid. Nous en bons
vagabonds peu organisés, on n’était pas au courant. Nous, on s’attendait à la
grande chaleur. Comme en Australie non? On n’était pas supposés de crever de
chaleur et d’attraper le cancer de la peau à cause des puissants rayons de
soleil (et du trou dans la couche d’ozone)? En t-shirts, c’est pas
chaud, 11°!
On entre dans
un taxi en grelottant. Surprise ! Le chauffeur est Indien.
-
Where are you guys coming from today ?
-
Well…
this is kind of funny… India !
Et le chauffeur
de s’exciter!
-
India ! No way! I’m from India!
-
Yes we got that…
Quel
dépaysement…
Sauf qu’au lieu de nous coûter
4$, la ride nous en coûte 40$
Et le chauffeur s’arrête aux feux
de circulation.
Et il n’y a pas de vaches qui
coupent le chemin.
Et il y a des ceintures de
sécurité dans la voiture.
Et… finalement à part le
chauffeur indien ça n’a rien à voir avec l’Inde!
On jase longuement de notre
voyage avec le chauffeur qui est ravi de pouvoir parler de son pays natal. Au
bout de 20 minutes, il nous dépose en face de l’auberge de jeunesse. Dans l’entrée
une dizaine de personnes fument des cigarettes.
-
HHHEEEEEYYYYY !!!!!!!
-
Euh… hey !?
-
HEY FRIEEEENNDDS !!!
Ah… Ils sont soûls. On regarde
notre montre. 23h. Déjà soûls comme ça à 23h?
Philippe qui n’a jamais mis les
pieds dans une auberge de jeunesse craignait qu’en arrivant à 23h, on
réveillerait les gens dans notre dortoir. Le voilà rassuré. À 23h, personne ne
dort. Tout le monde commence à se diriger bien pompette vers les bars du
quartier parce que l’établissement cesse de vendre de l’alcool. Soudainement, l’endroit
qui grouillait de vie une minute plus tôt est complètement mort. Heureusement
parce qu’après 13h de vol, on est épuisés.
Le lendemain, on observe la faune
de l’auberge de jeunesse avec intérêt :
Le sujet est généralement Européen
et âgé de 18 à 22 ans. Il se lève vers 11h-12h avec une gueule de bois. Il
végète sur un sofa pendant quelques heures avant de s’activer. Il se nourrit
principalement de toasts au beurre d’arachide et de pâte aux tomates et s’abreuve
de goon. Le goon est un vin cheap ultra sucré et très peu cher (une tasse de
goon, oui oui une tasse vous avez bien lu, vaut 1$) qui vous donnera un mal de
bloc assuré le lendemain matin. Le mot goon provient d’un mot aborigène qui signifie
«oreiller» puisque le fameux breuvage est vendu sous forme de «vignier».
Lorsque terminé, il est fort pratique de gonfler le sac du «vignier» pour faire
une p’tite sieste bien méritée.
Le sujet marque son territoire en
étalant l’entièreté de ses vêtements et effets personnels sur la plus grande
surface possible des dortoirs. Objectif : cacher le plancher. La femelle
dégage une fragrance fruitée alors que le mâle dégage une forte odeur de vieux
bas. Afin d’attirer le mâle, la femelle passe la journée à se poupouner. Comme
les oiseaux exotiques, elle se couvre (mais pas trop quand même) de couleurs vives
pour attirer l’attention des mâles. Ses bagages comportent plus de vernis à
ongle que de sous-vêtements. Quant à lui, le mâle masque son odeur de vieux bas
sous une couche d’Axe et de gel pour les cheveux. Les deux sexes se retrouvent dans les clubs du quartier branché St-Kilda
pour se faire la cours jusqu’aux petites heures du matin sous la musique
assourdissante. Cela les mène à de longues conversations élaborées.
Nos recherches scientifiques nous
amènent à conclure qu’il s’agit en fait d’une nouvelle espèce de backpackers
qui se nomme «flashpacker». On les retrouve notamment en Australie et en
Europe. Contrairement au backpackers, ils sont plutôt sédentaires et vivent
dans les villes où ils travaillent un mois sur 2 afin de payer pour leurs
soirées.
Notre rencontre avec cette
nouvelle espèce a été troublante. On s’est senti tel l’homme de Cro-Magnon qui
rencontre l’homo sapiens : on a les cheveux trop longs, la barbe de Phil
commence à prendre des proportions inquiétantes, notre hygiène laisse à
désirer, notre linge est troué et passé mode et on est cernés jusqu’au menton dû au long voyage. Bref, on fait durs
et ils sont beaux. Ouch.
Première rencontre avec la
nouvelle espèce :
Un jeune Français qui vit dans le
même dortoir que nous approche Noémie alors qu’on relaxe tranquillement
sur un sofa :
-
Hey! Vous sortez avec nous ce soir
On échange un regard paresseux :
-
Bah… non, on va rester tranquille ce soir je
pense
Il insiste :
-
Allez! On va au club Surf Paradise! Venez donc
avec nous!
-
Non merci. On se reprend cette semaine peut-être
(ou pas, c’est juste une façon de m’en sortir)
Il devient sérieux soudainement :
-
Quel âge tu as?
Je commence à avoir peur.
-
… 25 ans… Pourquoi?
Il soupire longuement :
-
Un jour j’aurai 25 ans et je n’aurai plus envie
de sortir. Je n’ai pas hâte…
Ouch.
Je regarde Phil :
-
On sort.
-
Sérieusement ? (désespoir dans la voix)
On se retrouve donc au club
branché «Surf Paradise» où la première consommation nous est offerte : une
chaudière (oui oui, une chaudière) de vodka red bull. On ne peut réprimer un
fou rire. On danse 30 minutes sans trop de conviction jusqu’à ce qu’un gars
trop soûl renverse l’entièreté de sa chaudière (oui oui, une chaudière) sur
Phil. On se faufile subtilement vers la sortie pour éviter d’être repéré et on
s’enfuit vers l’auberge. C’est à partir de ce moment qu’on a fait la paix avec
notre statut de vieux (mais pas tant que ça quand même! Ok pas si en paix que
ça finalement…)
Melbourne c’est quand même autre
chose que les flashpackers! On a adoré cette ville qui nous a rappelé Montréal
sur plusieurs point : la mer, le service ultra-efficace de tramways, les
rues impeccables sans nids-de-poule, les fish and chips… Oups, mauvaise liste!
En fait, Melbourne est considérée
comme la capitale culturelle de l’Australie. On y retrouve une multitude de musées,
de petits cafés, de marchés extérieurs, de bistrots branchés et…. DES BIXIS
BLEUS ! On a adoré errer dans les rues du quartier Fitzroy qui nous a rappelé
le plateau, boire des cafés délicieux, se perdre sur les lignes de tramway,
observer les kite surfers sur la plage en fin de journée, manger des fish and
chips au marché et des dim sums dans le chinatown, regarder les gens déambuler
dans le centre-ville et traverser la rue sans risquer sa vie. Malgré le premier
choc avec les flashpackers, on s’est senti chez nous à Melbourne. Après les
expériences indiennes, Melbourne a été comme une bonne soupe poulet et nouilles
lipton. Home sweet home.
Manger des calmars frits au marché. Miam |
Sea basket au marché Victoria. |
vélo vert |
'a |
Pensif devant un café |
BIXI bleus :) |
Contente d'être en Australie |
Tram au centre-ville |
Bébé. Chauve-souris. Ils sont partout dans Melbourne. Malade. |
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