jeudi 24 novembre 2011

Retour vers l'occident


Pilote :
-          Il est présentement 21h, heure de Melbourne et la température extérieure affiche un beau 11°.

Noémie :
Hein? Ils sont en Fahrenheits ou en Celsius ici?

Phil :
-          Ben voyons Noémie! En Celsius! imagine 11 fahrenheit comme ce serait froid!

Noémie :
-          Ah oui, c’est vrai, tu as raison. Mais 11°C, c’est froid! C’est l’Australie ici pas le Canada!

Hé oui, il y a un hiver en Australie. Et dans le sud, à Melbourne entre autre, il fait froid. Nous en bons vagabonds peu organisés, on n’était pas au courant. Nous, on s’attendait à la grande chaleur. Comme en Australie non? On n’était pas supposés de crever de chaleur et d’attraper le cancer de la peau à cause des puissants rayons de soleil (et du trou dans la couche d’ozone)? En t-shirts, c’est pas chaud, 11°!  

On entre dans un taxi en grelottant. Surprise ! Le chauffeur est Indien.

-          Where are you guys coming from today ?
-          Well… this is kind of funny… India !

Et le chauffeur de s’exciter!

-          India ! No way! I’m from India!
-          Yes we got that…

Quel dépaysement…

Sauf qu’au lieu de nous coûter 4$, la ride nous en coûte 40$
Et le chauffeur s’arrête aux feux de circulation.
Et il n’y a pas de vaches qui coupent le chemin.
Et il y a des ceintures de sécurité dans la voiture.
Et… finalement à part le chauffeur indien ça n’a rien à voir avec l’Inde!
On jase longuement de notre voyage avec le chauffeur qui est ravi de pouvoir parler de son pays natal. Au bout de 20 minutes, il nous dépose en face de l’auberge de jeunesse. Dans l’entrée une dizaine de personnes fument des cigarettes.

-          HHHEEEEEYYYYY !!!!!!!
-          Euh… hey !?
-          HEY FRIEEEENNDDS !!!

Ah… Ils sont soûls. On regarde notre montre. 23h. Déjà soûls comme ça à 23h?

Philippe qui n’a jamais mis les pieds dans une auberge de jeunesse craignait qu’en arrivant à 23h, on réveillerait les gens dans notre dortoir. Le voilà rassuré. À 23h, personne ne dort. Tout le monde commence à se diriger bien pompette vers les bars du quartier parce que l’établissement cesse de vendre de l’alcool. Soudainement, l’endroit qui grouillait de vie une minute plus tôt est complètement mort. Heureusement parce qu’après 13h de vol, on est épuisés.

Le lendemain, on observe la faune de l’auberge de jeunesse avec intérêt :

Le sujet est généralement Européen et âgé de 18 à 22 ans. Il se lève vers 11h-12h avec une gueule de bois. Il végète sur un sofa pendant quelques heures avant de s’activer. Il se nourrit principalement de toasts au beurre d’arachide et de pâte aux tomates et s’abreuve de goon. Le goon est un vin cheap ultra sucré et très peu cher (une tasse de goon, oui oui une tasse vous avez bien lu, vaut 1$) qui vous donnera un mal de bloc assuré le lendemain matin. Le mot goon provient d’un mot aborigène qui signifie «oreiller» puisque le fameux breuvage est vendu sous forme de «vignier». Lorsque terminé, il est fort pratique de gonfler le sac du «vignier» pour faire une p’tite sieste bien méritée.

Le sujet marque son territoire en étalant l’entièreté de ses vêtements et effets personnels sur la plus grande surface possible des dortoirs. Objectif : cacher le plancher. La femelle dégage une fragrance fruitée alors que le mâle dégage une forte odeur de vieux bas. Afin d’attirer le mâle, la femelle passe la journée à se poupouner. Comme les oiseaux exotiques, elle se couvre (mais pas trop quand même) de couleurs vives pour attirer l’attention des mâles. Ses bagages comportent plus de vernis à ongle que de sous-vêtements. Quant à lui, le mâle masque son odeur de vieux bas sous une couche d’Axe et de gel pour les cheveux.  Les deux sexes se retrouvent  dans les clubs du quartier branché St-Kilda pour se faire la cours jusqu’aux petites heures du matin sous la musique assourdissante. Cela les mène à de longues conversations élaborées.

Nos recherches scientifiques nous amènent à conclure qu’il s’agit en fait d’une nouvelle espèce de backpackers qui se nomme «flashpacker». On les retrouve notamment en Australie et en Europe. Contrairement au backpackers, ils sont plutôt sédentaires et vivent dans les villes où ils travaillent un mois sur 2 afin de payer pour leurs soirées.

Notre rencontre avec cette nouvelle espèce a été troublante. On s’est senti tel l’homme de Cro-Magnon qui rencontre l’homo sapiens : on a les cheveux trop longs, la barbe de Phil commence à prendre des proportions inquiétantes, notre hygiène laisse à désirer, notre linge est troué et passé mode et on est cernés jusqu’au  menton dû au long voyage. Bref, on fait durs et ils sont beaux. Ouch.

Première rencontre avec la nouvelle espèce :  
Un jeune Français qui vit dans le même dortoir que nous approche Noémie alors qu’on relaxe tranquillement sur un sofa :

-          Hey! Vous sortez avec nous ce soir
On échange un regard paresseux :
-          Bah… non, on va rester tranquille ce soir je pense

Il insiste :

-          Allez! On va au club Surf Paradise! Venez donc avec nous!
-          Non merci. On se reprend cette semaine peut-être (ou pas, c’est juste une façon de m’en sortir)

Il devient sérieux soudainement :

-          Quel âge tu as?
Je commence à avoir peur.
-          … 25 ans… Pourquoi?

Il soupire longuement :

-          Un jour j’aurai 25 ans et je n’aurai plus envie de sortir. Je n’ai pas hâte…

Ouch.

Je regarde Phil :

-          On sort.
-          Sérieusement ?  (désespoir dans la voix)

On se retrouve donc au club branché «Surf Paradise» où la première consommation nous est offerte : une chaudière (oui oui, une chaudière) de vodka red bull. On ne peut réprimer un fou rire. On danse 30 minutes sans trop de conviction jusqu’à ce qu’un gars trop soûl renverse l’entièreté de sa chaudière (oui oui, une chaudière) sur Phil. On se faufile subtilement vers la sortie pour éviter d’être repéré et on s’enfuit vers l’auberge. C’est à partir de ce moment qu’on a fait la paix avec notre statut de vieux (mais pas tant que ça quand même! Ok pas si en paix que ça finalement…)

Melbourne c’est quand même autre chose que les flashpackers! On a adoré cette ville qui nous a rappelé Montréal sur plusieurs point : la mer, le service ultra-efficace de tramways, les rues impeccables sans nids-de-poule, les fish and chips… Oups, mauvaise liste!

En fait, Melbourne est considérée comme la capitale culturelle de l’Australie. On y retrouve une multitude de musées, de petits cafés, de marchés extérieurs, de bistrots branchés et…. DES BIXIS BLEUS ! On a adoré errer dans les rues du quartier Fitzroy qui nous a rappelé le plateau, boire des cafés délicieux, se perdre sur les lignes de tramway, observer les kite surfers sur la plage en fin de journée, manger des fish and chips au marché et des dim sums dans le chinatown, regarder les gens déambuler dans le centre-ville et traverser la rue sans risquer sa vie. Malgré le premier choc avec les flashpackers, on s’est senti chez nous à Melbourne. Après les expériences indiennes, Melbourne a été comme une bonne soupe poulet et nouilles lipton. Home sweet home.



Manger des calmars frits au marché. Miam

Sea basket au marché Victoria. 

vélo vert
'a
Pensif devant un café 
BIXI bleus :)

Contente d'être en Australie




Tram au centre-ville

Bébé. Chauve-souris. Ils sont partout dans Melbourne. Malade.

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