Rishikesh
Je ne sais pas pour vous mais
moi, j’aime les grenouilles. Quand j’en vois, je retombe en enfance. Vous savez
du temps où on essayait de les attraper sur le bord des lacs. Même si c’était
un peu gluant, on aimait bien jouer avec. On leur caressait le cou pour les
hypnotiser! J’étais toujours un peu perturbée quand je les remettais à l’eau et
qu’elles faisaient le mort (Allez grenouille, nage, tu es libre!!! Allez!). Tout ça pour dire que je n’ai pas peur des
grenouilles. Même que toute excuse est bonne pour les attraper. En Inde pendant
la mousson, les grenouilles sont partout. Tant et si bien qu’en pliant des
couvertures à l’ashram avec un Indien et une Australienne, une grenouille est
apparue en plein milieu de la pièce.
Moment de flottement.
Pendant que les deux autre se
demandent comment s’en débarrasser, je m’empresse d’aller attraper la
grenouille pour aller la porter dehors. Contente, je regagne la pièce pour
trouver mes deux amis médusés.
L’Australienne s’enquiert
immédiatement à savoir pourquoi je ne l’ai pas tué. L’Indien et moi, on trouve
ça un peu violent… Elle nous explique : en Australie, il y a une grosse
épidémie de grenouille. Elles n’ont pas de prédateur et se reproduisent à
l’infinie et détruisent les cultures C’est la même chose avec les lapins
d’ailleurs (parenthèse sur le fait que l’Australie a fait construire une
clôture pour bloquer les lapins qui fait deux fois la longueur de la grande muraille de Chine).
Donc, en Australie quand quelqu’un voit une grenouille (ou un lapin), il est de
son devoir de l’écraser. Quin toé la grenouille.
L’Indien quant à lui est fasciné
par le fait que j’ais osé toucher une grenouille. Il n’a jamais fait ça, même
quand il était petit. Généralement, il se contente de les chasser gentiment
avec un balai. On rigole un peu encore et on continue de plier les couvertures.
À mon départ de l’ashram, Retish
vient me saluer. Il m’avoue avoir été marqué par l’épisode de la grenouille.
Après m’avoir vu l’attraper, il ne pouvait s’arrêter d’y penser. Il voulait lui
aussi attraper une grenouille. Mais voilà, en Inde, ce n’est pas monnaie
courante que de toucher les grenouille (imaginez s’il savait que nos princesses
les embrassent!). Alors il n’osait pas. Donc dans la semaine qui a suivi, il a
médité sur la chose. La journée précédente, il s’est rendu dans la pièce à la
grenouille et il a médité une heure. Quand il a ouvert les yeux, la grenouille
était là :
-
Elle me regardait! Je me suis dit que c’était un
signe!
-
Et tu l’as attrapé?
-
Oui! Mais c’était difficile. Elle n’arrêtait pas
de sauter et de me glisser entre les mains. Mais je l’ai attrapé.
-
Et ensuite tu as fait quoi ?
-
Eh bien, on s’est regardé un peu et puis je suis
allé la porter dehors. Comme toi.
Et puis je suis monté dans le
taxi en me disant à quel point l’ashram avait été une expérience fantastique.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui vont méditer une semaine pour
trouver le courage d’attraper une grenouille?
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