samedi 12 novembre 2011

La grenouille et l'ashramite


Rishikesh

Je ne sais pas pour vous mais moi, j’aime les grenouilles. Quand j’en vois, je retombe en enfance. Vous savez du temps où on essayait de les attraper sur le bord des lacs. Même si c’était un peu gluant, on aimait bien jouer avec. On leur caressait le cou pour les hypnotiser! J’étais toujours un peu perturbée quand je les remettais à l’eau et qu’elles faisaient le mort (Allez grenouille, nage, tu es libre!!! Allez!).  Tout ça pour dire que je n’ai pas peur des grenouilles. Même que toute excuse est bonne pour les attraper. En Inde pendant la mousson, les grenouilles sont partout. Tant et si bien qu’en pliant des couvertures à l’ashram avec un Indien et une Australienne, une grenouille est apparue en plein milieu de la pièce.

 Moment de flottement.

Pendant que les deux autre se demandent comment s’en débarrasser, je m’empresse d’aller attraper la grenouille pour aller la porter dehors. Contente, je regagne la pièce pour trouver mes deux amis médusés.

L’Australienne s’enquiert immédiatement à savoir pourquoi je ne l’ai pas tué. L’Indien et moi, on trouve ça un peu violent… Elle nous explique : en Australie, il y a une grosse épidémie de grenouille. Elles n’ont pas de prédateur et se reproduisent à l’infinie et détruisent les cultures C’est la même chose avec les lapins d’ailleurs (parenthèse sur le fait que l’Australie a fait construire une clôture pour bloquer les lapins qui fait deux fois  la longueur de la grande muraille de Chine). Donc, en Australie quand quelqu’un voit une grenouille (ou un lapin), il est de son devoir de l’écraser. Quin toé la grenouille.

L’Indien quant à lui est fasciné par le fait que j’ais osé toucher une grenouille. Il n’a jamais fait ça, même quand il était petit. Généralement, il se contente de les chasser gentiment avec un balai. On rigole un peu encore et on continue de plier les couvertures.

À mon départ de l’ashram, Retish vient me saluer. Il m’avoue avoir été marqué par l’épisode de la grenouille. Après m’avoir vu l’attraper, il ne pouvait s’arrêter d’y penser. Il voulait lui aussi attraper une grenouille. Mais voilà, en Inde, ce n’est pas monnaie courante que de toucher les grenouille (imaginez s’il savait que nos princesses les embrassent!). Alors il n’osait pas. Donc dans la semaine qui a suivi, il a médité sur la chose. La journée précédente, il s’est rendu dans la pièce à la grenouille et il a médité une heure. Quand il a ouvert les yeux, la grenouille était là :

-          Elle me regardait! Je me suis dit que c’était un signe!
-          Et tu l’as attrapé?
-          Oui! Mais c’était difficile. Elle n’arrêtait pas de sauter et de me glisser entre les mains. Mais je l’ai attrapé.
-          Et ensuite tu as fait quoi ?
-          Eh bien, on s’est regardé un peu et puis je suis allé la porter dehors. Comme toi.


Et puis je suis monté dans le taxi en me disant à quel point l’ashram avait été une expérience fantastique. Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui vont méditer une semaine pour trouver le courage d’attraper une grenouille?

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