mercredi 27 juillet 2011

Boucler la boucle


Philippe arrive demain et son arrivée marque la fin de la première étape de mon voyage et le début de notre périple à deux. Je suis impatiente de voir mon amoureux arriver avec son gros sac à dos à l’aéroport de Delhi.  J’ai hâte de partager cette aventure avec lui. D’une part je suis soulagée que mon périple en solitaire tire à sa fin mais d’autre part je suis assez fière quand j’en fais le bilan :

Depuis le 23 juin, j’ai présenté les résultats de ma maîtrise dans un congrès en Sibérie. J’ai réussi à me débrouiller à travers les méandres du cyrillique et de la langue russe dans les magnifiques villes de Moscou et St-Pétersbourg.

J’ai affronté les rues de Delhi et ce, à toutes heures du jour et de la nuit (mon avion ayant atterri à 3h du mat, mon train hier étant arrivé à 1h du mat). J’ai tenu tête aux chauffeurs de taxi frauduleux et autres arnaqueurs. J’ai aussi presque mordu un ptit criss qui m’a pogné les seins dans la foule du festival Shiva à Rishikesh. Fallait être là pour m’entendre lui hurler un char de marde. La foule, effrayée, s’est tassée autour de moi (c’est la que tu prends conscience de ta force : quand tu vois la face du monde qui voudrait pas être à la place du gars qui a fait ca ! hahaha). Je commence à apprendre comment forger la carapace nécessaire pour affronter l’Inde. Sans elle, on se fait manger tout rond. Heureusement que j’ai eu des amis merveilleux pour me sortir des mauvais pas dans lesquels mon sourire m’a quelques fois mise. Je me bas toujours avec la difficulté de déterminer quand s’ouvrir et quand se fermer.

J’ai passé une semaine dans un ashram à me lever avant le soleil et à jeûner une bonne partie de la journée (oui oui ! moi Noémie l’affamée j’ai jeûné. Bon j’ai pas dis que j’étais agréable à ce moment là…). J’ai appris à m’assoir : ça a l’air niaiseux de même mais essaye de t’assoir en indien (c’est là qu’on comprend la signification de l’expression) le dos droit sans bouger pendant une heure. Après, essaye de faire le vide dans ta tête. Mes professeurs me disaient que j’ai l’esprit comme un singe qui saute d’arbre en arbre… J’ai appris à respirer : pratique quand même quand, perdu dans l’immensité de la gare de Delhi à 1hrs du matin, tu tentes de déterminer qui, des 15 gars qui gravitent autour de toi essaye de t’aider et qui essaye de t’arnaquer (Respire par le nez, Noémie…). Des fois, j’ai juste envie de me retourner vers eux et de feuler comme un chat enragé (imagine la scène hahaha !). Pratique aussi quand ton chauffeur t’autobus klaxonne sans arrêt pendant 8heures (Respire par le nez, Noémie). Mais quand un dude te pogne les seins dans la foule : FUCK OFF LA RESPIRATION !!! COME BACK HERE YOU FUCKING ASS HOLE !!! Bon je suis pas devenue une sainte quand même…

Et puis je suis revenue boucler la boucle à Delhi. Delhi la colorée, Delhi la pas propre, Delhi l’odorante, Delhi l’exaltante. À l’heure où j’écris ce message, Phil est déjà dans l’avion. Dans moins de 24hrs il sera ici avec moi. Dans 48hrs, il fêtera ses 29 ans. Pas question que ça se passe à Delhi ! Alors maintenant je peux vous le dire parce qu’il ne lira pas ce message avant sa fête. J’ai acheté des billets d’avion qui nous amènerons à Srinagar dans les majestueuses montagnes du nord de l’Inde (on parle quand même des Himalayas !), où nous attend une maison-bateau sur le calme du lac Dal avec vue sur les sommets enneigés. Les Indiens disent que c’est la région des amoureux. Ben ça tombe à point ! 


dimanche 17 juillet 2011

OOOOOOOOOOOM


Rishikesh, Uttakarhand, Inde.
Après quelques heures passées à Delhi, j’en ai vite eu assez et je me suis dirigée vers Rishikesh, une ville sainte située au nord de Delhi, dans l’Uttakarhand. Rishikesh se décrit comme la capitale mondiale du yoga. Et on comprend vite pourquoi. Chaque Guest House offre des cours de yoga ou de méditation et la ville comporte une panoplie d’ashrams. Tu veux ouvrir tes chakras (ou peut-être les réaligner) ? Devenir prof de yoga ou massothérapeute ? Pratiquer le yoga ashtanga, iyendar, hatha, bikram, transcendantal, etc. ? Faire lire les lignes de ta main ? Acheter des cristaux d’énergie (!)?  Rishikesh est là pour toi  ;)

Le village a acquis sa réputation auprès des voyageurs après que les Beatles y soient passés en 1968. Paraîtrait-il que le White Album aurait entièrement été écrit à l’ashram Maharishi Manesh. Cet ashram est aujourd’hui fermé et la jungle a commencé à reprendre le dessus sur les différents bâtiments. C’est assez impressionnant de découvrir cet endroit qui devait être merveilleux mais qui tombe aujourd’hui en lambeaux. On se serait cru dans Lost ! haha !

Ce village au bord du Gange abrite aussi plusieurs temples et est lieu de pèlerinage pour les Hindous qui viennent se baigner dans les eaux de la rivière sacrée  (d’ailleurs, le courant y est tellement fort que chaque année, plusieurs personnes s’y noient). Tous les soirs, lors des cérémonies, les gens se réunissent pour chanter des prières et des offrandes aux dieux sont envoyées sur le Gange sous forme de petits paniers remplis de fleurs et d’encens et illuminé d’une chandelle. C’est assez hypnotisant. Étant un lieu saint, on n’y vend pas d’alcool, ni de viande (à moins de savoir à qui s’adresser et encore là, on dirait qu’on fait un deal de drogue pour une bière !!)








En venant à Rishikesh, mon but était de venir décompresser et faire une coupure avec le chaos total qu’a été la fin de ma maîtrise pour entamer ce long voyage l’esprit en paix. Je suis donc partie à la recherche d’un ashram ou je pourrais faire du yoga et apprendre à méditer. Mais choisir LE bon endroit à travers toute l’offre (lire ici scrap) disponible… pas facile. Et je me suis retrouvée si bien entourée au village dans ma Guest House avec vue sur les montagnes que j’ai eu du mal à me résoudre à quitter pour un ashram. Mais j’ai finalement trouvé un endroit parfait, à l’extérieur de la ville. Rien de trop New Age ou occulte ni de dimension religieuse mais de la tranquillité, de la verdure, des fleurs et plein de yoga. La vie d’ashramite est une vie de moine : on s’y réveille à 4h15 (MÉGA OUCH !) et on y pratique 4 heures de yoga par jour, 2 heures de méditation et on y reçoit plein d’enseignement sur la posture, la respiration, etc. Et c’est sans arrêt toute la journée (ils m’ont littéralement fait un horaire à l’heure…). Jusqu’à maintenant j’apprécie beaucoup le yoga mais la méditation me donne des sueurs froides (sérieusement, pendant les deux heures, je réorganise ma vie, je pense à ce que je vais manger, ou je vais aller, me rappelle qu’il faut que je dise tel truc à Phil, etc. Tout, sauf de la méditation finalement… hahaha). Mais bon, semble-t-il que c’est un long processus. Et puis j’ai le temps, je serai ici jusqu’à l’arrivée de Phil le 27 juillet. 




Shanti, shanti ou comment apprivoiser l’Inde


Aéroport de Moscou le 5 juillet 2011. Il fait encore 1000°C en Russie et je suis loin de me douter que, côté chaleur, c’est le début de mes peines. Ne voulant pas prendre de chances étant donné que je sais que se déplacer en Russie peut être un enfer quand on ne parle pas la langue, j’arrive trop tôt à l’aéroport. Parenthèse ici, prendre le métro à Moscou quand on lit le Russe aussi vite qu’un enfant de 6 ans, c’est pas pratique. Je n’ai pas le temps de lire le nom de la station que déjà on est reparti… haha !

Donc j’arrive tôt à l’aéroport et je ne peux enregistrer mes bagages (à qui ça arrive ça, sérieusement…). Une jeune indienne est dans la même situation que moi. Ça a suffit pour qu’on devienne copines. J’ai tout de suite compris que par rapport à la Russie, j’allais ailleurs !

Arrivée à Delhi et dans les premiers jours qui ont suivis mon arrivée en Inde, j’ai dû apprivoiser tranquillement (shanti, shanti) les différents aspects de l’Inde qui venaient confronter la Nord-Américaine que je suis.

Premier choc : la chaleur. À Delhi en juillet, il fait chaud. Mais chaud. Ça me fait rire de lire  sur la canicule à Montréal. Ici, je sue ma vie en permanence ! Tsé quand ça dégoûte même quand t’es assis à rien faire ? Je dois boire 4 litres d’eau par jour (et en perdre 6 en sueur)!

Deuxième choc : l’odeur. En général l’Inde sent un mélange d’épice, de déchets, de caca de vache et d’encens assez perturbant.

Troisième choc : la saleté. Disons que jusqu’à maintenant, je dirais qu’au niveau de l’hygiène, l’Inde laisse plutôt à désirer hahaha ! Il m’a fallu quelques jours pour oser mettre des sandales (et encore, certainement pas à Delhi…). C’est sale partout ! Dans certaines chambres d’hôtel visitées les draps avaient des tâches suspectes. Les rues sont jonchées de déchets et de cacas de vache. Au restaurant, une coquerelle te file entre les jambes…

Quatrième choc : le chaos total. Faut pas essayer de comprendre, il n’y a aucune logique dans le mouvement incessant. Les rues se remplissent de stand de bouffe, de gens, de moto, de voitures, de vélo-taxi. Il y a des gens qui dorment par terre, d’autres qui mangent à côté d’autres qui vendent des trucs. Et tout ce beau monde se côtoie au doux son des klaxons. Ce qui m’amène au cinquième choc : le bruit. On n’est jamais préparé à autant de bruit ! Le klaxon ici est un mode de communication et d’expression de soi. J’ai pris un autobus pour un trajet de 8 heures et le chauffeur a klaxonné quasiment du début jusqu’à la fin. En arrivant à destination j’étais littéralement prête à aller lui foutre une taloche derrière la tête (Non mais ça va faire, on a compris que t’es la !!).  Et puis les gens crachent bruyamment et se raclent la gorge d’une façon qui vous retourne l’estomac.

Enfin, sixième choc : La proximité. Les chances de se retrouver seuls en Inde sont assez minces. Y’a du monde à la messe. Dans le bus (pour un petit trajet heureusement) je me suis trouvé coincée en sardine entre deux papis, mon sac sous nos pieds (pas de place nulle part pour le mettre). Tsé quand tu sais plus quelle sueur est à qui hahaha ! Et puis Les Indiens sont d’une curiosité ! Quand ils te voient dans la rue, dans le bus, dans l’avion, au restaurant, c’est l’interrogatoire :

Hi! How are you ? What’s your good name ? What country ? What do you do ? How much money you make ? Can I take a picture of you ? Ok bye, nice to meet you.

Next !

Il doit y avoir 1000 Indiens qui ont maintenant une photo de moi dans leur téléphone. Je préfère ne pas me demander ce qu’ils en font. Les gens s’arrêtent en voiture pour prendre des photos de moi. Et quand je marche dans la rue, certains parents amènent leurs enfants pour me toucher ou pour prendre une photo avec moi !

Tout ça peut sembler atroce mais pour moi c’est absolument fascinant. C’est complètement extérieur à tout ce que l’on connaît. Ici, je n’ai aucuns repères. Et c’est parfait ! Je dois avoir un petit côté maso mais avoir à se évoluer dans ce genre d’environnement est excitant.  Et puis, il y a plein de côtés plus faciles à vivre qu’on arrive à voir une fois les premiers chocs passés. Comme la bouffe (là on me reconnaît non ?). MIAM ! Je me régale en Inde. Et le yoga. Et les massages. Et les paysages. Et les temples. Et les cérémonies. Et plein de gens merveilleux rencontrés sur le chemin. Je vous reparle de tout ça dans mon prochain article. Je pense à vous mais pas trop (quand même !) xxx

P.S. J’ai été paresseuse pour les photos ces derniers jours… Je vous reviens avec du support visuel pour la prochaine entrée.

Extras


Bon à la demande générale, voila une photo de la fameuse sacoche de poil reçue en Sibérie. Prête à affronter les hivers canadiens (et sibériens). Le guguss à côté est un ornement pour mettre dans la maison. J’ai si hâte de l’accrocher (…) hahaha ! Et puis toujours à la demande générale, une photo du fameux billet de train qui m’a donné des maux de tête.


mercredi 13 juillet 2011

Я не говорю по русскому (Je ne parle pas Russe)

Noémie en Russie

Pour ceux qui ne le savent pas, je suis partie le 23 juin dernier vers la Russie, ou j'ai participe a un congres international en Siberie. Tant qu'a y etre, j'y suis reste quelques jours de plus question de profiter de Moscou et de St-Petersbourg avant de voler vers l'nde le 5 juillet. Philippe me rejoint en Inde le 27 juillet.


Comment la Russie a failli avoir raison de moi
Étant situé en partie en occident, je pensais que la Russie représenterait un début de voyage tranquille.  Pourtant… jusqu’à maintenant j’ai vécu en Russie plus de chocs que je n’en vis présentement en Inde.

En Russie, quand on ne parle pas le Russe, tout est compliqué.  Pour vous faire comprendre, je vous raconte une anecdote, qui, selon moi, dit tout. Elle s’intitule : La fois où j’ai tenté d’acheter un billet de train.

D’abord, il faut mentionner que je baragouine difficilement quelques mots de russe et que je lis le cyrillique comme un enfant de 2e année. Donc, fraîchement descendue de l’avion qui me ramenait de la Sibérie (dans lequel  j’étais assise a côté d’un monsieur ronflant et dont les émanations de vodkas étaient toxiques) je me suis dirigée vers la gare de train pour me rendre à St-Pétersbourg. A la sortie du métro, je me dirige comme l’éléphant que je suis avec mes sacs vers la gare. Il fait 38°C. Je sue ma vie.

A la gare, je fais la file pendant environ une heure malgré qu’il n’y ait que 3 personnes devant moi. Chaque personne semble raconter sa vie à la dame du guichet. C’est la que j’ai compris qu’avec mes 10 mots de russe, il n’y en aurait pas de facile.

C’est à mon tour, je suis un peu anxieuse. Je demande à la dame si elle parle anglais : moment de panique dans son regard : Niet niet !!! Et elle me fait signe de partir (tse avec la main, comme a un chien)! Nenon. Moi j’ai attendu une heure comme tout le monde alors peu importe de quelle façon je repars d’ici avec un billet de train. Voyant que je ne quitterais pas, elle s’adresse à moi :

La dame :
Oasiuaosiduaosidski  (lire ici phrase en Russe incompréhensible)

Moi :
Desolée, je ne comprends pas le Russe

La dame :
Asldkjalskdjasldkajsdlkaj

Moi :
…. (je ne comprends toujours pas le Russe)

La Dame :
Soupir exaspéré.

Je tente le tout pour le tout et lui fais les ultimes yeux piteux (habituellement c’est infaillible). Finalement, en environ 20 minutes ont réussi à obtenir un billet de train que je paye deux fois le prix (C’est le prix à payer quand on ne parle pas le Russe) dont elle m’explique probablement les détails. Je me disais que ce serait écrit sur le billet de toute façon. Et c’est là qu’elle me tend ZE billet…  Un billet rempli d inscription en condense. C est incomprehensible. Je lui demande de m’expliquer à quelle heure, ou, comment mais elle tourne la tête et me fais signe de quitter. La conversation est terminée.

Donc j’ai un billet pour St-Pétersbourg mais je ne sais pas où, ni quand parce que je ne peux pas lire de billet !!! hahaha ! Alors je commence à  arrêter les gens dans la gare dans l’espoir de trouver quelqu’un qui parle un peu anglais et qui voudra bien m’aider. Ce qui fini par arriver. Temps total pour acheter un billet de train : 3 heures. A répéter au retour. 

Comment la Russie a réussi à me charmer quand même...
  • Les cathédrales ont l’air faites en sucre (Mais oui ! Vous ne trouvez pas que les tourelles de Basile-le-Bienheureux ont l’air d’autant de cupcakes ?)





  • J’ai pu manger des quantités indécentes de saumon et de caviar !


  • Les toiles de Matisse, Gauguin et Picasso (entre autre) au musée de l’Ermitage à St-Petersbourg


  • Les tourbières infinies parcourues en Sibérie (petit moment geek ;)  




  • Le soleil de minuit (photo prise a 2hr du mat... il ne fera pas plus noir que ca. Je passais mon temps a me reveiller parce que je pensais que j etais en retard ! hahaha) 

  • La Siberie 



  • Le métro le plus profond du monde !  (En realite, je ne sais pas si c est le plus profond au monde  mais c’était vraiment profond!



  • Le cyrillique


  •  Presenter les resultats de ma maitrise dans un congres international

  • Une traductrice PLUS que divertissante ( c etait pas une traductrice profesionnelle mais la femme d un des organisateur du congres. La moitie du temps, elle ne comprenait rien hahaha !


  • Les mariages russes. Ah ça c’était drôle. La tradition veut que lorsque les gens se marient, ils se rendent avec leur invité sur des lieux importants de leur ville pour prendre des photos et boire du champagne. J’ai donc croisé facilement une vingtaine de mariages à Moscou et St-Pétersbourg. Les femmes Russes ont en général un sens du style impeccable. Mais quand elles se marient, on dirait qu’elles pètent un plomb !! Je pense que mes préférés c’est le couple avec les colombes. Hahaha !!





Mais surtout la Russie c’est très joli et malgré certaines personnes désagréable, j’ai aussi rencontré des gens merveilleux ! J’ai même reçu une sacoche de poil (une sacoche prête à affronter les hivers canadiens) de la part d’un participant du congrès ! hahaha!