lundi 21 novembre 2011

Le sous-continent indien vu par Phil et Noémie (partie 2)


K pour Kilomètres
L’inde est un grand pays. On n’aura jamais parcouru autant de distance en si peu de temps. À bord d’avion, d’autobus, de jeep, de motos, de scooters, d’auto-rickshaw, de cycle-rickshaw et de train, on a sillonné le nord de l’Inde et du Népal où les routes sont si mauvaises que 400 kilomètres se traversent en 20 heures !

Top 3 des trajets les plus pénibles 
3 :  2 jours de transport entre Shillong (nord est de l’Inde) et Kathmandu. On est parti le matin de Shillong vers Guwahati (4 heures) pour prendre un train vers Siliguri (7 heures) où on a dormi. Le lendemain matin, une jeep nous a amené vers la frontière du Népal (1 heure) où l’on a pu prendre un dernier bus vers Kathmandu (15 heures). Pas besoin de mentionner que nos fesses n’en pouvaient plus.
2 : 35 heures de train entre Delhi et Siliguri. Tellement long que Noémie en a développé des problèmes de nerf sciatique !
1 : 400 kilomètres en 20 heures de jeep tape-cul entre Srinagar et Leh. Noémie a eu la peur de sa vie et Phil était malade. Conditions gagnantes pour un voyage agréable.
Un p'tit tour de riskshaw, Jaipur


pensive dans le train

L  pour Limonade
Pendant les 3 derniers mois et demi, on a carburé à la limonade fraîche. Matin, midi, soir. En arrivant dans le nord-est de l’Inde, nous avons découvert que les gens boivent leur limonade avec du sel. Quand on oublie de mentionner que l’on souhaite une limonade sucrée, on reçoit un jus de lime salé (et pas à peu près, c’est la mer morte dans ton verre). Ça a donné lieu à des  grimaces mémorables (tsé quand tu t’attends à ce que ce soit sucré et finalement c’est vraiment salé…)

M pour montagnes ou M pour mousson
On hésite entre lequel de ces deux  mots est le plus représentatif… En tout cas, les deux nous auront suivis tout au long de notre périple et parfois en même temps, comme à Manali et à Dharamsala quand le ciel nous est tombé sur la tête et même pendant notre trek dans l’Himalaya! L’Inde pendant la mousson, c’est BEAUCOUP de pluie et d’humidité!

L’Himalaya et son immensité aura été le centre ou l’arrière plan de la majeure partie de notre voyage, au Népal, au Kashmir, à Leh, dans l’Himachal Pradesh, à Darjeeling ou dans le nord-est. Ces montagnes resteront gravées dans nos mémoires comme les paysages les plus majestueux que nous ayons jamais observés!
Se faire prendre par la pluie, Leh

Himachal Pradesh, paysage typique. 
                                          
N pour négocier
Lorsqu’on vous propose un prix en Inde, il faut toujours négocier serré. Il faut partir du principe que le prix est au moins 2 fois trop élevé. Pour négocier, les deux parties sortent leur jeu d’acteur. Le marchand propose un prix, nous arborons une expression consternée : C’est beaucoup trop cher ! On coupe le prix en 2 (minimum). Le vendeur prend un air offusqué : un instant c’est du stock de qualité ! Il propose un prix entre les deux. On fait semblant de tergiverser, on propose d’y penser et de revenir plus tard et on se dirige vers la porte ! Non, non ! Attendez, je vous fais un bon prix ! On coupe encore quelques roupies. On accepte. Le vendeur «offusqué» et les acheteurs «consternés» arrêtent de jouer et on échange les roupies contre l’objet dans la bonne humeur !

O pour Odeur
Ouf… l’inde ça ne sent pas toujours les roses… À titre d’exemple, à Mumbai, il y a 17 toilettes publiques pour chaque millions d’habitants ! Ils y sont 16 millions. Et voilà pour l’odeur.

P  pour Pauvreté
Le Népal et l’Inde sont parmi les pays les plus pauvres au monde. Ça, on le savait avant d’y aller. Pourtant, rien ne pouvait nous préparer à ce à quoi nous avons été confrontés. Ce qui fait le plus mal, c’est de voir les enfants. Souvent tout sales et tout maigres, ils mendient dans la rue, souvent pour payer la protection d’un crotté quelconque qui les exploite. Pour faire plus «pitié», on les fait quêter avec un bébé dans les bras, tout sale aussi et l’air mal en point. D’autres font des «spectacles» dans le train (genre des roues latérales le long du wagon, ou chantent une petite chanson) ou nettoient les wagons à quatre pattes par terre. En lisant un peu sur la question, nous avons bien été mis en garde d’éviter de donner de l’argent, de la nourriture ou des objets aux gens dans la rue, surtout aux enfants.  D’une part, cela  encourage un racket qui les exploite et d’autre part cela encourage les enfants qui sont libres à rester dans la rue. Plusieurs organismes aident les enfants dans la rue en leur apportant des solutions à long terme. C’est à eux qu’il faut donner si l’on souhaite vraiment aider. C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. En tant qu’occidentaux, on se sent constamment coupables devant tant de misère. On se sent coupables d’avoir une vie si facile qu’elle nous permet de voyager ! Alors on donne pour se déculpabiliser ou pour se sentir bien avec soi-même. Ces organismes supplient les touristes de cesser de donner aux gens dans la rue en leur rappelant que dans ce contexte, donner est égoïste!

Nous avons aussi été choqués par l’immensité des slums à Mumbai. Par la quantité de gens qui vivent dans les stations de train, dans l’odeur d’urine avec les vêtements qu’ils ont sur le dos comme seule possession. Par les handicapés de toutes sortes qui n’ont aucun moyen de gagner leur vie dans la jungle qu’est l’Inde. La pauvreté en Inde est violente. Elle prive de toute dignité ceux qui en souffre. Et si quelques uns semblent trouver en eux la capacité de sourire malgré tout, on voit tant de visages émaciés, tristes, frustrés, épuisés.




Q pour Questions
La curiosité des Indiens n’a pas son pareil nulle part ailleurs. On a répondu aux mêmes questions d’innombrables fois. On a parfois même songé à se tatouer dans le front qu’on venait du Canada. Autre fait cocasse est cette habitude qu’ont les gens de prendre des photos avec les touristes. Plusieurs fois par jours, des gens (souvent des familles en vacances ou des jeunes hommes) nous interceptaient pour nous demander de nous prendre en photo avec eux. On se demandait bien ce qu’ils en font après. L’échange ne va pas plus loin que le clic de photo et la sempiternelle question (which country?). On s’imagine que c’est pour montrer à leur amis : «regarde, c’est moi avec mes amis du Canada!»
Se faire prendre en photo par un inconnu. Malaise. Pourquoi il me prend par les épaules ?

R pour Règles
Dans un pays où règne le chaos total, nous avons été bien surpris de voir avec quel soin les règles sont appliquées par les officiels en ce qui concerne le contrôle des touristes. En arrivant dans une Guest House, il faut remplir un questionnaire exhaustif sur notre identité et notre itinéraire et fournir une photocopie de notre passeport et de notre visa. D’ailleurs, les règles pour les visas sont changées fréquemment ce qui fait que personne ne s’entend sur la marche à suivre mais tous renforcent les règles (celles dont ils sont au courant du moins).

S pour saleté ou pour surpeuplé
Beaucoup de gens + absence de gestion des déchets = Pas propre.
Un des problèmes le plus criant en Inde est l’absence de gestion de déchet. Des décharges improvisées se retrouvent un peu partout dans les villes, les villages, aux abords des routes. Il est aussi troublant de constater que les poubelles sont inexistantes. Si l’on demande à un commerçant s’il a une poubelle pour jeter un sac de chip par exemple, il rira en pointant le sol : «jette ça par terre !».

Un autre fait marquant de l’Inde est la quantité de gens. On ne va pas en Inde pour trouver la tranquillité. Il y a des gens PARTOUT ! Et beaucoup ! Pour nous qui partageons un immense territoire à 35 millions, il faut s’habituer à la proximité des 1,2 milliards d’habitants de l’Inde.

T pour temples
À notre grand bonheur,  l’Inde aura été pour nous le pays des temples. Bouddhistes, Hindous, musulmans, Jains, Parsis, Brahmanes, Catholiques, etc, amenez-en des lieux de culte, on est capable d’en prendre! Nous avons d’ailleurs été surpris de voir la tolérance avec laquelle les Indiens et le Népalais accueillent la grande diversité religieuse de leurs pays. Pas besoin d’accommodements raisonnables ici! Les temples des différentes religions (surtout Hindoue et bouddhiste) se trouvent souvent côte à côte dans les mêmes complexes religieux !
Mosquée, Kashmir

Holy lake, Pushkar

Temple bouddhiste, Dharamsala

Temple brahmin, Pushkar

La déesse à la mope, Jaipur

Temple hindou, Brahktapur

Temple hindou, Brahktapur

Monastère bouddhiste, Darjeeling

Bouddha eyes, Kathmandu

Bouddha géant, Leh

Temple hindou, Rishikesh

U pour us et coutumes
Malgré que l’Inde notamment soit fortement intégrée dans le marché mondial, les habitants continuent à honorer les traditions ancestrales. Cela donne lieu à des moments parfois cocasses. Dans la rue, on pourra croiser un vieil  homme en costume traditionnel du Bengale (le dhoti, une jupe blanche) parlant au téléphone cellulaire avec son banquier à propos de ses actions. Il vient d’aller porter des offrandes au dieu de la prospérité (une bouteille de coke déposée devant l’effigie du dieu au temple), le moment est propice aux transactions.

V pour vache
Vous le savez, la vache est sacrée pour les Hindous. Au Népal et en Inde, en dehors des grandes métropoles comme Delhi, Mumbai ou Kathmandu, les vaches sont partout. Il faut bien regarder là où l’on pose les pieds… Un de nos plaisirs quotidiens en marchant dans les rues était de toucher ces vaches qui errent ça et là à la recherche d’un bon bout de papier journal à mâchouiller. En bonnes vaches bien dociles, elles ne lèvent même pas la tête de leur tas de vidange lorsqu’on les touche.  Selon les Hindous, ça porte bonheur (et puis c’est l’fun).

Les vaches en sont venues à faire partie de notre quotidien.  Donc lorsque pendant le trek au Népal j’ai vu un taureau qui bloquait le sentier, je n’ai pas réalisé que cela pouvait être problématique... Bien étendu en plein milieu de la place, le taureau s’est levé prestement à mon approche. Phil, flairant le danger, m’interpelle.
-          Attention. Il n’a pas l’air content.
-          Ben voyons, c’est juste une vache. On en a croisé des milliers!

En me voyant m’approcher encore, le taureau expire bruyamment et frotte le sol de ses sabots. Je ralentis le pas, incertaine, mais je continue tout de même (belle innocente!). S’en est trop pour le taureau, il commence à courir tête baissée ! Voyant cela, je me mets à courir en direction opposée en criant comme une fillette :

-          hhhaaaa !!! Phiiiiiiiiiiiiiiiiillllllll !  

Ne se sentant pas de taille pour affronter la bête, il a lui aussi pris les jambes à son cou ! Heureusement, le taureau a abandonné sa course au bout de quelques mètres nous laissant sains et saufs mais un peu traumatisés. Après sur les sentiers, on faisait des détours ridicules pour éviter les vaches !
Cycle rickshaw, vache, Pushkar 


W  pour Wagon
Le meilleur moyen de transport en  Inde est le train. Leur réseau est super étendu et passe littéralement partout et ce, quotidiennement. En plus, c’est certainement le transport le plus économique, rapide et confortable. Cela dit, le voyage peut tout de même être pénible dans les mauvaises conditions. Quand on réserve un billet de train entre, par exemple, Delhi et Agra, on aura le choix entre une quinzaine de trains, entre plusieurs classes, entre plusieurs sièges. Pour faire bon voyage, nous avons réalisé qu’il est important de bien sélectionner son train et son wagon.

Comment sélectionner son train en Inde par Phil et Noémie
1)      La première chose à regarder est le nombre d’arrêt. Quand le train en fait plus que 10 pour un trajet de 200 km, ce n’est pas gagnant.
2)      Regarder l’heure de départ et l’heure d’arrivée. Arriver dans une ville à 3h du mat, c’est désagréable. Ça veut dire attendre dans la station de train qu’il soit une heure décente pour arriver à la guest house. Et les stations de trains, c’est déprimant.
3)      Ensuite il faut sélectionner la classe. Voyager en 1er et 2e c’est bien mais et les places sont limitées et ça coûte cher ! La 3e classe était notre favorite : climatisation, couchettes et draps fournis, on aime ça. Pour les plus économes, il y a la classe sleeper dans laquelle il y a des couchettes mais pas de fenêtre. On vous averti : il est possible que vous soyez ensevelis de poussière et sourds à l’arrivée mais la classe sleeper est une expérience qui vaut la peine d’être vécue au moins une fois pour l’ambiance (lire les anecdotes de Phil sur le sujet). Enfin il y a la classe sans nom. On ne l’a jamais essayé mais on s’y est déjà retrouvés par inadvertance. C’est la classe où il y a tellement de monde que tu ne vois pas le fond du wagon et que les gens se tiennent à l’extérieur du train. Peu recommandé pour ceux qui souhaitent s’assoir pendant leur voyage de train. 
action dans le wagon

Wagon plein

Y pour yoga
Le yoga en Inde a complètement changé notre vision de cette discipline ! Ce que l’on connaissait du yoga avant d’arriver en Inde est ce qui nous avait été offert à Montréal : une activité qui attire principalement les femmes de tout âge cherchant à se mettre en forme et à réduire leur stress. En Inde, le yoga est une entreprise beaucoup plus sérieuse. Je l’ai compris lors de mon séjour dans un ashram à Rishikesh. D’abord, pour des raisons culturelles, les yogis sont en général des hommes. Les femmes sont à la maison à s’occuper des enfants pendant que les hommes atteignent l’illumination dans un ashram. Je vous l’ai dit, pour l’égalité des sexes en Inde, on repassera. Mais je m’égare…  Donc, pour les ashramites avec qui j’ai vécu, l’objectif de la pratique du yoga est d’atteindre un état d’union entre le corps est l’esprit (d’ailleurs yoga veut dire «union» en sanskrit). Cette union s’atteint par la méditation. La méditation, en gros, c’est de s’assoir en Indien en récitant mentalement un mantra dans le but de faire le vide de l’esprit dans un premier temps et ensuite atteindre l’illumination et le contrôle total sur le corps et l’esprit. Laissez-moi vous dire que c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire! Les ashramites passent des années en ashram à suivre des cours pendant  8 heures par jour pour y arriver. Ça n’est pas aussi simple qu’il y parait que de s’assoir le dos droit sans bouger pendant une heure. C’est là qu’intervient la partie physique du yoga, celle que l’on nous enseigne à Montréal. Cette partie sert à délier le corps pour permettre de méditer longtemps sans trop souffrir. Bref, on se met en forme pour être capable de rester assis !

Méditer une heure avec Noémie                                                          
4h45 du matin, assise en indien au sol, je ferme les yeux, pleine de bonne volonté. C’est parti pour une heure. D’abord je me demande si mon dos est bien droit, je gigote un peu sur mon tapis. C’est bon, il est droit. Je commence à réciter mon mantra pendant… ah un gros 3 minutes. Puis je commence à réaliser que j’ai faim. Je me demande ce qu’on va manger pour souper. Ça serait bien un bon curry d’aubergine comme il y a 2 jours. Oups ! Je me suis perdue ! Et hop le mantra à nouveau. Est-ce que j’ai dit à Phil d’amener plus de crème solaire? Je pense que non. Faudrait bien que je le note. Oups, mantra. C’est bon pour un bon petit bout jusqu’à ce que je me rende compte que je cogne des clous. Rester éveillée, rester éveillée ! Je continue à réciter mon mantra en somnolant. Oh non, je me fais piquer par un moustique !!! haaaa!! ça pique, ça pique !! Reste immobile Noémie, reste immobile, fais abstraction. Ah et puis merde (je me gratte subtilement en chassant le moustique) ! Bon, pour le reste je serai bonne. On ne bouge plus, on reste éveillées et hop le mantra ! Au bout de 10 minutes de semi concentration, je commence à avoir les jambes engourdies. Ne pas bouger Noémie, ne pas bouger, fais abstraction… haaa j’ai plein de picotements c’est insupportable ! Ah et puis merde ! J’étire subtilement mes jambes. J’entrouvre mes yeux pour m’assurer que personne n’a remarqué et je les vois tous assis, bien droit, l’air tout paisible et je jure intérieurement. C’est raté pour moi! Pas d’illumination aujourd’hui. Comme me disait mon professeur, mon esprit est un singe que saute constamment d’arbre en arbre.

Z pour z’êtes encore là
Y’est assez tard, allez vous coucher bonsoir !

P.S. Merci d’avoir lu jusqu’à la fin xxx
PPS. Avez-vous remarquez qu’on a sauté le x ? C’était juste pour savoir si vous étiez concentrés… (sérieusement des mots en x, il n’y en a pas beaucoup)  

1 commentaire:

  1. Décidément j'aime votre blog, très très bon ! :-)
    Bonne continuation en Australie !

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