mardi 19 juin 2012

Les deux côtés de la médailles


Ubud, île de Bali, Indonésie

Suite à notre expérience perturbante sur le volcan Bromo, on rêvait des plages et des temples de la mythique île de Bali. Donc, après la visite du volcan Ijen, nous nous  sommes entassés dans un bus en direction de Bali. Comme le bus était plein, nous avons fait le trajet de 4 heures debout dans l’allée. Le bus traversait Bali d’ouest en est, le long de la côte sud. D’un côté, l’océan Indien avec ses plages de sable doré et ses vagues déchaînées. De l’autre côté, les rizières entrecoupées de temples hindous décorés de fleurs avec des statues et des sculptures élaborées. Puis en arrière-plan, un volcan dont le sommet se cache dans les nuages. À travers tout cela, des femmes en sarong portent des paniers sur leur tête. Bali nous semblait presque surréaliste tellement elle est jolie.

Les rizières de Ubud




Le riz juste avant d'être récolté

On dirait qu'on m'a posé sur un décor.






Puis, plus vers l’est nous avons commencé à voir un autre type de paysage. Les hôtels, les restaurants et les boîtes de nuit mur à mur bloquent la vue de la mer. Les villas se dressent dans les rizières. La route, se borde de publicités pour tel ou tel resort, pour un parc safari, pour des tours à dos d’éléphants ou des « écotours à vélo dans les rizières ». La route est étroite, la circulation est dense et les camions, bus, motos, voitures se suivent  pare-choc à pare-choc. L’air est presque irrespirable, saturé de la fumée des pots d’échappement (qui ici n’ont pas de système anti-pollution). Dans les rues, on voit des touristes en micro-short et haut de bikini avec leurs copains aux cheveux savamment décolorés, planche de surf sous le bras, board shorts et torse nu. Il y  a aussi le type rouge homard avec une chemise à fleurs. Bali nous semblait pas mal moins jolie vue sous cette angle.

Nous sommes désolés pour cette demoiselle qui voit ses fesse apparaître sur notre blog. Pas que ce soit dans nos habitudes de prendre les fesses des passantes en photo mais c'était pour marquer notre point. Mesdemoiselles, nous avons une nouvelle à vous annoncer : l'Asie est pudique. Pas besoin d'être un génie pour s'en rendre compte. Il suffit de regarder la façon dont les locaux s'habillent. Rarement leurs vêtements permettent de voir au delà des genoux et des épaules. Quitte à avoir un peu plus chaud et à ne pas pas pouvoir étrenner votre nouveau short de chez American Apparel, ça vaut le coût de porter des vêtements qui couvrent un peu plus : puisque vous faites part de respect envers la culture locale, les locaux vous montreront plus de respect. 


Arrivés à Denpasar, nous avons donc fuit le sud de Bali et mis le cap pour  Ubud. Située dans les terres entre les rizières et la jungle, la ville de Ubud est sensée représenter le cœur culturel et artistique de Bali. En s’éloignant des plages du sud, nous avions espoir que la situation s’améliore un peu. Heureusement ce fut le cas. L’architecture y est particulièrement inspirante : les maisons ressemblent à des temples avec des sculptures, des statues un peu partout et des jardins ombragés avec des fleurs colorées. Les Balinais, qui sont majoritairement de religion hindouiste, sont très croyants. Les gestes religieux posés dans le quotidien sont presque poétiques. Le matin, les femmes déposent des offrandes devant les maisons et les commerces qu’elles transportent sur leur tête dans des paniers tressés de bambou. Ces offrandes se composent généralement d’un peu de riz avec des fleurs et de l’encens posé dans un panier de bambou ou dans une feuille de palmier. Elles sont supposées nourrir les mauvais esprits et ainsi les garder loin des maisons. Généralement ce sont les chiens qui les mangent et vers 12h on en retrouve partout dans les caniveaux. En fin d’après-midi, le ciel se couvre de cerfs-volants et on entend en bruit de fond le son des sifflets qui ont été posés dessus afin d’attirer l’attention des dieux sur les prières.






Vue sur le jardin de notre guest house

Une offrande dans notre entrée




Mais malgré tout ça, Ubud n’a pas été un coup  de cœur pour nous. Trop d’éléments nous ont dérangés. D’abord l’omniprésence de cette communauté «d’expats » qui possède les beaux hotels, les boutiques de vêtements tendance, les studios de yoga, les villas et les beaux restaurants. Les expats sont partout en Asie mais c’est particulièrement flagrant à Ubud (et dans le reste de Bali également) où ils sont légion. Nous n’avons pas de problème avec les expats en soit mais dans une ville où l’on vient pour  s’imprégner de l’ambiance et la culture Balinaise, on a parfois l’impression de n’avoir à faire qu’avec des étrangers.  Aussi tout ce racket autour de ce qui attire les touristes : partout on nous offre d’assister à un spectacle de danses traditionnelles ou de participer à une cérémonie funéraire de crémation d’un corps (qui voudrait avoir des touristes avec des caméras pour des funérailles, sérieusement?!).

En fait, nous avons un peu l’impression que Bali est en train de s’étouffer dans sa propre popularité. Ce qui a fait la renommée de Bali et qui a attiré ici les touristes depuis les années 30 (Oui,oui!) est en train de disparaître peu à peu. Les fameuses rizières disparaissent tranquillement, vendues à des promoteurs immobiliers qui y construisent des villas pour les étrangers. Les plages s’érodent peu à peu suite à la bétonisation du littoral et à la destruction des barrières  de  corail qui est  utilisé comme  matière  première  pour faire  ce même  béton. Enfin, la fameuse culture balinaise se commercialise.  Mais en même temps, on ne peut que comprendre les Balinais qui souhaitent travailler dans l’industrie du tourisme, beaucoup plus payante et moins éreintante que la culture du riz. Bref, c’est un bilan très partagé que l’on tire de notre courte expérience à Bali. D’une part, on voit la beauté et la poésie partout, mais d’autre part on voit le monstre du développement touristique sauvage et de masse qui menace l’esprit même de Bali.

On  nous affirme que l’est et le nord de lîle sont moins touchés par ce phénomène. Nous  espérons de tout cœur que c’est vrai. En attendant, nous avons décidé de fuir vers l’île de Lombok, plus à l’est. Nous reviendrons à Bali pour notre dernière semaine en Indonésie puisque nous devons y  prendre l’avion pour Bangkok. On vous reparlera alors de l’est et du nord.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire