Ubud, île de Bali,
Indonésie
Suite à notre expérience
perturbante sur le volcan Bromo, on rêvait des plages et des temples de la mythique
île de Bali. Donc, après la visite du volcan Ijen, nous nous sommes entassés dans un bus en direction de
Bali. Comme le bus était plein, nous avons fait le trajet de 4 heures debout
dans l’allée. Le bus traversait Bali d’ouest en est, le long de la côte sud.
D’un côté, l’océan Indien avec ses plages de sable doré et ses vagues déchaînées.
De l’autre côté, les rizières entrecoupées de temples hindous décorés de fleurs
avec des statues et des sculptures élaborées. Puis en arrière-plan, un volcan
dont le sommet se cache dans les nuages. À travers tout cela, des femmes en
sarong portent des paniers sur leur tête. Bali nous semblait presque
surréaliste tellement elle est jolie.
Les rizières de Ubud |
Le riz juste avant d'être récolté |
On dirait qu'on m'a posé sur un décor. |
Puis, plus vers l’est nous avons
commencé à voir un autre type de paysage. Les hôtels, les restaurants et les
boîtes de nuit mur à mur bloquent la vue de la mer. Les villas se dressent dans
les rizières. La route, se borde de publicités pour tel ou tel resort, pour un
parc safari, pour des tours à dos d’éléphants ou des « écotours à vélo
dans les rizières ». La route est étroite, la circulation est dense et les
camions, bus, motos, voitures se suivent
pare-choc à pare-choc. L’air est presque irrespirable, saturé de la
fumée des pots d’échappement (qui ici n’ont pas de système anti-pollution). Dans
les rues, on voit des touristes en micro-short et haut de bikini avec leurs
copains aux cheveux savamment décolorés, planche de surf sous le bras, board
shorts et torse nu. Il y a aussi le type
rouge homard avec une chemise à fleurs. Bali nous semblait pas mal moins jolie
vue sous cette angle.
Arrivés à Denpasar, nous avons donc
fuit le sud de Bali et mis le cap pour
Ubud. Située dans les terres entre les rizières et la jungle, la ville
de Ubud est sensée représenter le cœur culturel et artistique de Bali. En
s’éloignant des plages du sud, nous avions espoir que la situation s’améliore
un peu. Heureusement ce fut le cas. L’architecture y est particulièrement
inspirante : les maisons ressemblent à des temples avec des sculptures,
des statues un peu partout et des jardins ombragés avec des fleurs colorées.
Les Balinais, qui sont majoritairement de religion hindouiste, sont très
croyants. Les gestes religieux posés dans le quotidien sont presque poétiques. Le
matin, les femmes déposent des offrandes devant les maisons et les commerces
qu’elles transportent sur leur tête dans des paniers tressés de bambou. Ces
offrandes se composent généralement d’un peu de riz avec des fleurs et de
l’encens posé dans un panier de bambou ou dans une feuille de palmier. Elles
sont supposées nourrir les mauvais esprits et ainsi les garder loin des maisons.
Généralement ce sont les chiens qui les mangent et vers 12h on en retrouve
partout dans les caniveaux. En fin d’après-midi, le ciel se couvre de
cerfs-volants et on entend en bruit de fond le son des sifflets qui ont été
posés dessus afin d’attirer l’attention des dieux sur les prières.
Vue sur le jardin de notre guest house |
Une offrande dans notre entrée |
Mais malgré tout ça, Ubud n’a pas
été un coup de cœur pour nous. Trop
d’éléments nous ont dérangés. D’abord l’omniprésence de cette communauté
«d’expats » qui possède les beaux hotels, les boutiques de vêtements
tendance, les studios de yoga, les villas et les beaux restaurants. Les expats
sont partout en Asie mais c’est particulièrement flagrant à Ubud (et dans le
reste de Bali également) où ils sont légion. Nous n’avons pas de problème avec les
expats en soit mais dans une ville où l’on vient pour s’imprégner de l’ambiance et la culture
Balinaise, on a parfois l’impression de n’avoir à faire qu’avec des étrangers. Aussi tout ce racket autour de ce qui attire
les touristes : partout on nous offre d’assister à un spectacle de danses
traditionnelles ou de participer à une cérémonie funéraire de crémation d’un
corps (qui voudrait avoir des touristes avec des caméras pour des funérailles,
sérieusement?!).
En fait, nous avons un peu
l’impression que Bali est en train de s’étouffer dans sa propre popularité. Ce
qui a fait la renommée de Bali et qui a attiré ici les touristes depuis les
années 30 (Oui,oui!) est en train de disparaître peu à peu. Les fameuses
rizières disparaissent tranquillement, vendues à des promoteurs immobiliers qui
y construisent des villas pour les étrangers. Les plages s’érodent peu à peu
suite à la bétonisation du littoral et à la destruction des barrières de
corail qui est utilisé comme matière
première pour faire ce même
béton. Enfin, la fameuse culture balinaise se commercialise. Mais en même temps, on ne peut que comprendre
les Balinais qui souhaitent travailler dans l’industrie du tourisme, beaucoup
plus payante et moins éreintante que la culture du riz. Bref, c’est un bilan
très partagé que l’on tire de notre courte expérience à Bali. D’une part, on
voit la beauté et la poésie partout, mais d’autre part on voit le monstre du
développement touristique sauvage et de masse qui menace l’esprit même de Bali.
On nous affirme que l’est et le nord de lîle
sont moins touchés par ce phénomène. Nous
espérons de tout cœur que c’est vrai. En attendant, nous avons décidé de
fuir vers l’île de Lombok, plus à l’est. Nous reviendrons à Bali pour notre
dernière semaine en Indonésie puisque nous devons y prendre l’avion pour
Bangkok. On vous reparlera alors de l’est et du nord.
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