vendredi 22 juin 2012

La grande évasion


Kuta, île de Lombok, Indonésie

C’est à la hâte que nous avons fuit les foules propettes de Bali en direction de Lombok dans  l’espoir d’y trouver un meilleur avenir. Comme deux réfugiés qui  quittent leur territoire c’est à bord de notre rafiau que nous avons pu traverser les 25 km qui séparent les deux îles. L’embarcation en question est tout de même un gros traversier chargé de plusieurs camions, motos et passagers. Mais malgré tout, il ballotte  sur les vagues comme une vulgaire coquille de noix tout en prenant quatre heures pour compléter cette courte traversée. On vous invite ici à effectuer ce simple produit croisé afin de déterminer la vitesse de croisière : (4x60) ÷ 25km = vitesse très très lente.

Une fois que nous avons touché terre nous nous sommes dirigés vers Senggigi. En chemin, nous avons vite fait d’observer que Lombok est beaucoup moins développée que sa voisine en voyant  les locaux qui se déplacent encore sur des charrettes tirées par des chevaux. Et non, ce n’est pas un mode de transport pour touristes comme dans le vieux Montréal,  mais  plutôt un taxi à prix modique. Les temples hindous qui sont omniprésents à Bali ont laissé place aux mosquées dont la plainte lancinante résonne à toute heure de la journée (le premier appel à la prière a lieu autour de 4h du matin. Au début, ça surprend).

18  heures, c’est tout ce que l’on a laissé comme chance à Senggigi. Soit le temps  de trouver une chambre pour  la nuit et une mobylette à bas prix pour un temps d’utilisation indéterminé. Comme prochaine cible, nous avons choisi la région de Kuta, au sud de Lombok. Elle est décrite comme un petit bled bordé de majestueuses plages turquoises  et habité par une population de pêcheurs. Enfin, tout pour faire rêver, mais pas seulement nous. Également une firme de développement de Dubaï  qui souhaite en faire un « sud bali » number 2. Malgré que l’aéroport de l’île a été déplacé en conséquence à proximité de Kuta, le projet bétonisation a été mis en suspend pour diverses raisons et c’est avec grand bonheur et soulagement que nous avons trouvé Kuta tel que décrit. Étalée sur plus ou moins trois rues, elle est jusqu’à présent dénuée de Ritz Carlton et compagnie et est habitée par une population bien tranquille qui vie essentiellement du tourisme et de la pêche. Ses plages sont fréquentées surtout par les  surfeurs qui y vont  pour l’amour du sport et non pour celui de leurs pectoraux savamment bronzés

Parce que nous étions vraiment dans un « mood » sauvage, nous avons élu domicile à Gerupuk, un petit village de pêcheurs à quelques kilomètres à l’est de Kuta. Nous nous sommes installés dans une des trois guest houses du village. Nous avons choisi celle qui  avait un grand balcon qui  donne  sur  la mer pour observer le va-et-vient des bateaux et les enfants qui  jouent sur la plage en fin d’après-midi (Tomy Homestay). Les vagues parfaites qui cassent au large attirent des surfeurs d’un peu partout dans le monde mais l’ambiance est encore très très tranquille. Surtout le soir, quand les surfeurs repartent vers Kuta et qu’il ne restait plus que nous  et une poignée d’autres ermites. Et le surf au large était génial. Lorsque  vous prenez une vague,  le plus difficile  n’est pas de la surfer jusqu’à sa  belle mort, mais plutôt de l’abandonner avant afin de ne pas nager une éternité pour éventuellement en reprendre une nouvelle.

Pendant  notre séjour dans le sud de Lombok, ce n’est pas la plage de Kuta qui nous a inspiré mais plutôt les villages et les petites plages tout autour que nous avons visité à bord de notre scooter. Nous avons passé peu de temps sur la plage de Kuta où nous étions attristés par les enfants des villages Sasak avoisinants nous abordaient avec des bracelets et autres breloques à vendre. Avant même que nous ayons signifié que nous n’étions pas intéressés, ils partaient la machine :
-          Hello !
-          How are you ?
-          Where are you from ?
-          Where do  you stay ?
-          What’s your name ?

Et après avoir eu toutes ces informations, il pose l’ultime question :
-          Buy bracelet from me? Very cheap!

Et là, il argumentera jusqu’à ce que mort s’en suive. Souvent on se demande si cette approche de vente est une tactique pour forcer le « client » à engager la conversation ou si c’est seulement parce qu’il serait considéré impoli ici d’essayer de vendre des objets à quelqu’un sans avoir eu un minimum de conversation avec lui. Peu importe pourquoi, à la longue, c’est définitivement irritant. Et le principe de faire travailler des enfants nous dérange  profondément. Après avoir discuté avec quelques uns de ces apprentis vendeurs sous pression, nous avons appris qu’ils viennent à Kuta tous les jours après l’école et  y restent jusque tard en soirée pour vendre leur camelote. La moitié de leur gain va à l’homme qui les transporte et organise le tout. Voilà qui est un effet bien pervers du tourisme sur une région. À Gerupuk, le village où nous avons élu  domicile, les enfants jouent sur la plage après l’école plutôt que de vendre des cossins aux touristes sur la plage. Mais à Kuta, où le tourisme abonde, certains ont constaté que les enfants pouvaient rapporter de l’argent et ont décidé d’exploiter cette avenue. De notre côté, on refuse d’encourager ces agissements et nous  n’achetons rien aux enfants. Question de principe.

Nous avons donc mis notre temps et nos énergies à visiter les villages et les plages avoisinantes. Notre scooter nous a permis non seulement de résider à l’est de Kuta mais également de visiter l’ouest où l’on a observé un décor époustouflant. Du haut des collines sur lesquelles nous nous laissions guider peu à  peu, apparaissaient des bribes d’océan d’un bleu profond. La route qui est dans un état atroce a vite fait de rebuter  la  grande majorité des voyageurs à  l’exception des surfers avides de sensations fortes qui se dirigent vers la plage de Mawi pour ses énormes vagues et ceux qui cherchent les coins reclus. Les touristes étant rares sur ce chemin, nous faisions sensation sur la route.  Les réactions allaient de « Hello » retentissants, à des enfants  qui courent derrière  nous en criant « bule, bule » (qui veut dire occidental)  ou de regards ahuris, la  bouche légèrement ouverte. Noémie assise à l’arrière se sentait comme une vraie rock star en envoyant la main à  tout  ce beau monde pendant que Phil  conduisait la limousine à deux roues.

deux roues. Notre récompense après  cette  route chaotique fut Selong Belanak, une magnifique plage déserte à 28 km à l’ouest de Kuta. La plage est nichée au creux d’une baie devant un longue rangée de palmiers qui reflètent doucement le soleil. À une extrémité, quelques bateaux de pêcheurs et un minuscule restaurant  où la dame cuisine un excellent poisson grillé que nous avons dégusté sur la plage.

Quoi de  mieux que revenir d’une plage paradisiaque et de savourer en  soirée un excellent crabe,  ou   plutôt un monstre des mers,  à la sauce chili. Ce fut sans aucun doute dans notre Top Ten  des plus grands délices de ce voyage.  D’ailleurs on regrette amèrement de ne pas avoir volé la recette de sauce du chef.

Bref, nous étions si bien dans le sud de Lombok que nous avons eu du mal  à quitter.  Au bout d’une semaine, nous avons réalisé  que le retour approchait grandement : plus  qu’un mois de voyage. Nous  avons donc  fait  nos sacs  une nouvelle fois et avons mis le cap vers les pentes du volcan Rinjani.

Tanjun An

Tajun An


Tajun An

Tajun An

Tajun An

Les pêcheurs de Gerupuk

Gerupuk

Les enfants sur la plage de Gerupuk


La Baie de Kuta, vue de l'ouest

Selong Belanak

Selong Belanak


Phil rentre du surf

Village sasak de Sade







1 commentaire:

  1. La photo «Selong Belanak» ou un shemale exicté à l'idée de transporter un homme nue !

    Tissss.....

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