K pour Kilomètres
L’inde est un grand pays. On
n’aura jamais parcouru autant de distance en si peu de temps. À bord d’avion,
d’autobus, de jeep, de motos, de scooters, d’auto-rickshaw, de cycle-rickshaw
et de train, on a sillonné le nord de l’Inde et du Népal où les routes sont si
mauvaises que 400 kilomètres se traversent en 20 heures !
Top 3 des trajets les plus pénibles
3 :
2 jours de transport entre Shillong
(nord est de l’Inde) et Kathmandu. On est parti le matin de Shillong vers
Guwahati (4 heures) pour prendre un train vers Siliguri (7 heures) où on a
dormi. Le lendemain matin, une jeep nous a amené vers la frontière du Népal (1
heure) où l’on a pu prendre un dernier bus vers Kathmandu (15 heures). Pas
besoin de mentionner que nos fesses n’en pouvaient plus.
2 :
35 heures de train entre Delhi et Siliguri. Tellement long que Noémie en a
développé des problèmes de nerf sciatique !
1 :
400 kilomètres en 20 heures de jeep tape-cul entre Srinagar et Leh. Noémie a eu
la peur de sa vie et Phil était malade. Conditions gagnantes pour un voyage
agréable.
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Un p'tit tour de riskshaw, Jaipur |
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pensive dans le train |
L pour Limonade
Pendant les 3 derniers mois et
demi, on a carburé à la limonade fraîche. Matin, midi, soir. En arrivant dans
le nord-est de l’Inde, nous avons découvert que les gens boivent leur limonade
avec du sel. Quand on oublie de mentionner que l’on souhaite une limonade
sucrée, on reçoit un jus de lime salé (et pas à peu près, c’est la mer morte
dans ton verre). Ça a donné lieu à des
grimaces mémorables (tsé quand tu t’attends à ce que ce soit sucré et
finalement c’est vraiment salé…)
M pour montagnes ou M pour mousson
On hésite entre lequel de ces
deux mots est le plus représentatif… En
tout cas, les deux nous auront suivis tout au long de notre périple et parfois
en même temps, comme à Manali et à Dharamsala quand le ciel nous est tombé sur
la tête et même pendant notre trek dans l’Himalaya! L’Inde pendant la mousson, c’est
BEAUCOUP de pluie et d’humidité!
L’Himalaya et son immensité aura
été le centre ou l’arrière plan de la majeure partie de notre voyage, au Népal,
au Kashmir, à Leh, dans l’Himachal Pradesh, à Darjeeling ou dans le nord-est. Ces
montagnes resteront gravées dans nos mémoires comme les paysages les plus
majestueux que nous ayons jamais observés!
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Se faire prendre par la pluie, Leh |
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Himachal Pradesh, paysage typique. |
N pour négocier
Lorsqu’on vous propose un prix en
Inde, il faut toujours négocier serré. Il faut partir du principe que le prix
est au moins 2 fois trop élevé. Pour négocier, les deux parties sortent leur
jeu d’acteur. Le marchand propose un prix, nous arborons une expression
consternée : C’est beaucoup trop cher ! On coupe le prix en 2 (minimum).
Le vendeur prend un air offusqué : un instant c’est du stock de qualité !
Il propose un prix entre les deux. On fait semblant de tergiverser, on propose
d’y penser et de revenir plus tard et on se dirige vers la porte ! Non, non !
Attendez, je vous fais un bon prix ! On coupe encore quelques roupies. On
accepte. Le vendeur «offusqué» et les acheteurs «consternés» arrêtent de jouer
et on échange les roupies contre l’objet dans la bonne humeur !
O pour Odeur
Ouf… l’inde ça ne sent pas
toujours les roses… À titre d’exemple, à Mumbai, il y a 17 toilettes publiques
pour chaque millions d’habitants ! Ils y sont 16 millions. Et voilà pour
l’odeur.
P pour Pauvreté
Le Népal et l’Inde sont parmi les
pays les plus pauvres au monde. Ça, on le savait avant d’y aller. Pourtant,
rien ne pouvait nous préparer à ce à quoi nous avons été confrontés. Ce qui
fait le plus mal, c’est de voir les enfants. Souvent tout sales et tout
maigres, ils mendient dans la rue, souvent pour payer la protection d’un crotté
quelconque qui les exploite. Pour faire plus «pitié», on les fait quêter avec
un bébé dans les bras, tout sale aussi et l’air mal en point. D’autres font des
«spectacles» dans le train (genre des roues latérales le long du wagon, ou
chantent une petite chanson) ou nettoient les wagons à quatre pattes par terre.
En lisant un peu sur la question, nous avons bien été mis en garde d’éviter de
donner de l’argent, de la nourriture ou des objets aux gens dans la rue,
surtout aux enfants. D’une part,
cela encourage un racket qui les
exploite et d’autre part cela encourage les enfants qui sont libres à rester
dans la rue. Plusieurs organismes aident les enfants dans la rue en leur
apportant des solutions à long terme. C’est à eux qu’il faut donner si l’on
souhaite vraiment aider. C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. En tant
qu’occidentaux, on se sent constamment coupables devant tant de misère. On se
sent coupables d’avoir une vie si facile qu’elle nous permet de voyager ! Alors
on donne pour se déculpabiliser ou pour se sentir bien avec soi-même. Ces
organismes supplient les touristes de cesser de donner aux gens dans la rue en
leur rappelant que dans ce contexte, donner est égoïste!
Nous avons aussi été choqués par
l’immensité des slums à Mumbai. Par la quantité de gens qui vivent dans les
stations de train, dans l’odeur d’urine avec les vêtements qu’ils ont sur le
dos comme seule possession. Par les handicapés de toutes sortes qui n’ont aucun
moyen de gagner leur vie dans la jungle qu’est l’Inde. La pauvreté en Inde est
violente. Elle prive de toute dignité ceux qui en souffre. Et si quelques uns
semblent trouver en eux la capacité de sourire malgré tout, on voit tant de
visages émaciés, tristes, frustrés, épuisés.
Q pour Questions
La curiosité des Indiens n’a pas
son pareil nulle part ailleurs. On a répondu aux mêmes questions d’innombrables
fois. On a parfois même songé à se tatouer dans le front qu’on venait du
Canada. Autre fait cocasse est cette habitude qu’ont les gens de prendre des
photos avec les touristes. Plusieurs fois par jours, des gens (souvent des
familles en vacances ou des jeunes hommes) nous interceptaient pour nous
demander de nous prendre en photo avec eux. On se demandait bien ce qu’ils en
font après. L’échange ne va pas plus loin que le clic de photo et la
sempiternelle question (which country?). On s’imagine que c’est pour montrer à
leur amis : «regarde, c’est moi avec mes amis du Canada!»
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Se faire prendre en photo par un inconnu. Malaise. Pourquoi il me prend par les épaules ? |
R pour Règles
Dans un pays où règne le chaos
total, nous avons été bien surpris de voir avec quel soin les règles sont
appliquées par les officiels en ce qui concerne le contrôle des touristes. En
arrivant dans une Guest House, il faut remplir un questionnaire exhaustif sur
notre identité et notre itinéraire et fournir une photocopie de notre passeport
et de notre visa. D’ailleurs, les règles pour les visas sont changées
fréquemment ce qui fait que personne ne s’entend sur la marche à suivre mais
tous renforcent les règles (celles dont ils sont au courant du moins).
S pour saleté ou pour surpeuplé
Beaucoup de gens + absence de
gestion des déchets = Pas propre.
Un des problèmes le plus criant
en Inde est l’absence de gestion de déchet. Des décharges improvisées se
retrouvent un peu partout dans les villes, les villages, aux abords des routes.
Il est aussi troublant de constater que les poubelles sont inexistantes. Si
l’on demande à un commerçant s’il a une poubelle pour jeter un sac de chip par
exemple, il rira en pointant le sol : «jette ça par terre !».
Un autre fait marquant de l’Inde
est la quantité de gens. On ne va pas en Inde pour trouver la tranquillité. Il
y a des gens PARTOUT ! Et beaucoup ! Pour nous qui partageons un immense
territoire à 35 millions, il faut s’habituer à la proximité des 1,2 milliards
d’habitants de l’Inde.
T pour temples
À notre grand bonheur, l’Inde aura été pour nous le pays des
temples. Bouddhistes, Hindous, musulmans, Jains, Parsis, Brahmanes,
Catholiques, etc, amenez-en des lieux de culte, on est capable d’en prendre!
Nous avons d’ailleurs été surpris de voir la tolérance avec laquelle les
Indiens et le Népalais accueillent la grande diversité religieuse de leurs
pays. Pas besoin d’accommodements raisonnables ici! Les temples des
différentes religions (surtout Hindoue et bouddhiste) se trouvent souvent côte
à côte dans les mêmes complexes religieux !
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Mosquée, Kashmir |
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Holy lake, Pushkar |
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Temple bouddhiste, Dharamsala |
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Temple brahmin, Pushkar |
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La déesse à la mope, Jaipur |
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Temple hindou, Brahktapur |
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Temple hindou, Brahktapur |
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Monastère bouddhiste, Darjeeling |
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Bouddha eyes, Kathmandu |
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Bouddha géant, Leh |
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Temple hindou, Rishikesh |
U pour us et coutumes
Malgré que l’Inde notamment soit fortement
intégrée dans le marché mondial, les habitants continuent à honorer les
traditions ancestrales. Cela donne lieu à des moments parfois cocasses. Dans la
rue, on pourra croiser un vieil homme en
costume traditionnel du Bengale (le dhoti, une jupe blanche) parlant au
téléphone cellulaire avec son banquier à propos de ses actions. Il vient
d’aller porter des offrandes au dieu de la prospérité (une bouteille de coke
déposée devant l’effigie du dieu au temple), le moment est propice aux
transactions.
V pour vache
Vous le savez, la vache est
sacrée pour les Hindous. Au Népal et en Inde, en dehors des grandes métropoles
comme Delhi, Mumbai ou Kathmandu, les vaches sont partout. Il faut bien
regarder là où l’on pose les pieds… Un de nos plaisirs quotidiens en marchant
dans les rues était de toucher ces vaches qui errent ça et là à la recherche
d’un bon bout de papier journal à mâchouiller. En bonnes vaches bien dociles,
elles ne lèvent même pas la tête de leur tas de vidange lorsqu’on les touche. Selon les Hindous, ça porte bonheur (et puis
c’est l’fun).
Les vaches en sont venues à faire
partie de notre quotidien. Donc lorsque
pendant le trek au Népal j’ai vu un taureau qui bloquait le sentier, je n’ai
pas réalisé que cela pouvait être problématique... Bien étendu en plein milieu
de la place, le taureau s’est levé prestement à mon approche. Phil, flairant le
danger, m’interpelle.
-
Attention. Il n’a pas l’air content.
-
Ben voyons, c’est juste une vache. On en a croisé
des milliers!
En me voyant m’approcher encore,
le taureau expire bruyamment et frotte le sol de ses sabots. Je ralentis le
pas, incertaine, mais je continue tout de même (belle innocente!). S’en est
trop pour le taureau, il commence à courir tête baissée ! Voyant cela, je me
mets à courir en direction opposée en criant comme une fillette :
-
hhhaaaa !!! Phiiiiiiiiiiiiiiiiillllllll !
Ne se sentant pas de taille pour
affronter la bête, il a lui aussi pris les jambes à son cou ! Heureusement, le
taureau a abandonné sa course au bout de quelques mètres nous laissant sains et
saufs mais un peu traumatisés. Après sur les sentiers, on faisait des détours
ridicules pour éviter les vaches !
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Cycle rickshaw, vache, Pushkar |
W pour Wagon
Le meilleur moyen de transport
en Inde est le train. Leur réseau est
super étendu et passe littéralement partout et ce, quotidiennement. En plus,
c’est certainement le transport le plus économique, rapide et confortable. Cela
dit, le voyage peut tout de même être pénible dans les mauvaises conditions.
Quand on réserve un billet de train entre, par exemple, Delhi et Agra, on aura
le choix entre une quinzaine de trains, entre plusieurs classes, entre
plusieurs sièges. Pour faire bon voyage, nous avons réalisé qu’il est important
de bien sélectionner son train et son wagon.
Comment sélectionner son train en Inde par Phil et Noémie
1) La
première chose à regarder est le nombre d’arrêt. Quand le train en fait plus
que 10 pour un trajet de 200 km, ce n’est pas gagnant.
2) Regarder
l’heure de départ et l’heure d’arrivée. Arriver dans une ville à 3h du mat,
c’est désagréable. Ça veut dire attendre dans la station de train qu’il soit
une heure décente pour arriver à la guest house. Et les stations de trains,
c’est déprimant.
3) Ensuite
il faut sélectionner la classe. Voyager en 1er et 2e
c’est bien mais et les places sont limitées et ça coûte cher ! La 3e
classe était notre favorite : climatisation, couchettes et draps fournis,
on aime ça. Pour les plus économes, il y a la classe sleeper dans laquelle il y
a des couchettes mais pas de fenêtre. On vous averti : il est possible que
vous soyez ensevelis de poussière et sourds à l’arrivée mais la classe sleeper
est une expérience qui vaut la peine d’être vécue au moins une fois pour l’ambiance
(lire les anecdotes de Phil sur le sujet). Enfin il y a la classe sans nom. On
ne l’a jamais essayé mais on s’y est déjà retrouvés par inadvertance. C’est la
classe où il y a tellement de monde que tu ne vois pas le fond du wagon et que
les gens se tiennent à l’extérieur du train. Peu recommandé pour ceux qui
souhaitent s’assoir pendant leur voyage de train.
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action dans le wagon |
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Wagon plein |
Y pour yoga
Le yoga en Inde a complètement
changé notre vision de cette discipline ! Ce que l’on connaissait du yoga avant
d’arriver en Inde est ce qui nous avait été offert à Montréal : une
activité qui attire principalement les femmes de tout âge cherchant à se mettre
en forme et à réduire leur stress. En Inde, le yoga est une entreprise beaucoup
plus sérieuse. Je l’ai compris lors de mon séjour dans un ashram à Rishikesh.
D’abord, pour des raisons culturelles, les yogis sont en général des hommes.
Les femmes sont à la maison à s’occuper des enfants pendant que les hommes atteignent
l’illumination dans un ashram. Je vous l’ai dit, pour l’égalité des sexes en
Inde, on repassera. Mais je m’égare… Donc, pour les ashramites avec qui j’ai vécu,
l’objectif de la pratique du yoga est d’atteindre un état d’union entre le
corps est l’esprit (d’ailleurs yoga veut dire «union» en sanskrit). Cette union
s’atteint par la méditation. La méditation, en gros, c’est de s’assoir en
Indien en récitant mentalement un mantra dans le but de faire le vide de l’esprit
dans un premier temps et ensuite atteindre l’illumination et le contrôle total
sur le corps et l’esprit. Laissez-moi vous dire que c’est beaucoup plus facile
à dire qu’à faire! Les ashramites passent des années en ashram à suivre des
cours pendant 8 heures par jour pour y
arriver. Ça n’est pas aussi simple qu’il y parait que de s’assoir le dos droit
sans bouger pendant une heure. C’est là qu’intervient la partie physique du
yoga, celle que l’on nous enseigne à Montréal. Cette partie sert à délier le
corps pour permettre de méditer longtemps sans trop souffrir. Bref, on se met
en forme pour être capable de rester assis !
Méditer une heure avec Noémie
4h45 du matin, assise en indien
au sol, je ferme les yeux, pleine de bonne volonté. C’est parti pour une heure.
D’abord je me demande si mon dos est bien droit, je gigote un peu sur mon
tapis. C’est bon, il est droit. Je commence à réciter mon mantra pendant… ah un
gros 3 minutes. Puis je commence à réaliser que j’ai faim. Je me demande ce
qu’on va manger pour souper. Ça serait bien un bon curry d’aubergine comme il y
a 2 jours. Oups ! Je me suis perdue ! Et hop le mantra à nouveau. Est-ce que
j’ai dit à Phil d’amener plus de crème solaire? Je pense que non. Faudrait bien
que je le note. Oups, mantra. C’est bon pour un bon petit bout jusqu’à ce que
je me rende compte que je cogne des clous. Rester éveillée, rester éveillée !
Je continue à réciter mon mantra en somnolant. Oh non, je me fais piquer par un
moustique !!! haaaa!! ça pique, ça pique !! Reste immobile Noémie, reste
immobile, fais abstraction. Ah et puis merde (je me gratte subtilement en
chassant le moustique) ! Bon, pour le reste je serai bonne. On ne bouge plus,
on reste éveillées et hop le mantra ! Au bout de 10 minutes de semi
concentration, je commence à avoir les jambes engourdies. Ne pas bouger Noémie,
ne pas bouger, fais abstraction… haaa j’ai plein de picotements c’est
insupportable ! Ah et puis merde ! J’étire subtilement mes jambes. J’entrouvre
mes yeux pour m’assurer que personne n’a remarqué et je les vois tous assis,
bien droit, l’air tout paisible et je jure intérieurement. C’est raté pour moi!
Pas d’illumination aujourd’hui. Comme me disait mon professeur, mon esprit est
un singe que saute constamment d’arbre en arbre.
Z pour z’êtes encore là ?
Y’est assez tard, allez vous
coucher bonsoir !
P.S. Merci d’avoir lu jusqu’à la
fin xxx
PPS. Avez-vous remarquez qu’on a
sauté le x ? C’était juste pour savoir si vous étiez concentrés… (sérieusement
des mots en x, il n’y en a pas beaucoup)