Le temps restant pour la première
partie du voyage était court et on voulait profiter de notre dernière semaine
en Inde. Initialement on devait passer moins de temps au Népal, mais on a rallongé notre séjours afin de faire le trek
du camp de base des Annapurnas et heureusement que Noémie a su me convaincre
(sans difficulté) parce que ce fut probablement l’une de nos meilleurs décisions
de voyage à vie. Après Agra notre destination était Pushkar grosso modo au
centre du Rajasthan. Avec notre temps restreint on voulait tout de même
profiter de cette région absolument sublime en faisant des visites éclaires des
villes environnantes. Via l’autobus les trajets
sont toujours très longs et le train (s’il
se rend à la destination souhaitée) doit essentiellement être réservé près de
deux semaines à l’avance vue sa popularité. Solution abordable restante :
la moto. Ceci dit est-ce j’ai un permis de moto? Dans mon porte feuille j’ai
quelque milliers de roupies népalais, quelques centaines de roupies indiens (on
se sent très riche avec ces devises étrangères mais ça ne représente que
quelques dizaines de dollars), mon permis de conduire classe A5 (avec la coupe
de cheveux la plus atroce de l’univers), ma carte d’assurance maladie (avec la
même foutu coupe de cheveux et dire que je suis pris avec ces cartes pendant
encore quatre ans!) et aucun permis de moto. Qu’est-ce qu’on en a à cirer, on est
en Inde! Même le type à la location n’en
a rien à foutre. Il ma expliqué le fonctionnement de la machine en un gros dix
seconde après que je lui ai fait croire sans grande conviction que j’avais un
minimum d’expérience. Un essai rapide de vingt secondes et ça y est j’men vais
chercher Noémie, avec deux casques guère plus solides qu’une
coquille d’œuf et orné d’un sourire aux lèvres comme un petit garçon qui vient
de recevoir son nouveau jouet à Noël. Arrivé à l’hôtel Noémie met sa
« protection » sur sa tête et comme deux Calimeros sur une moto on
est prêts à partir.
Premier arrêt, le « gas
bar ».
-
How much sir?
-
Full thank please. Étant donné la distance à
parcourir la quantité nous semble nécessaire.
-
Full?
-
Yes, full! Je sens que c’est une rare demande. J’me
sens comme dans easy riders. On
franchi une étape importante en passant de petits oiseaux sympathiques à nomades
de la route. Et pour ajouter à notre moment de gloire le pompiste rajoute d’une
voix ébahis ;
-
Ça c’est une bonne machine tu peux aller jusqu’à au moins …70 km/h!
Houuuuuu! À cheval sur notre monstre de 125cc
on est gonflés à bloc pour affronter la jungle asphaltée qui sépare Pushkar de
Jaipur. Parlant de jungle, on y rencontre plusieurs types de bêtes. On y voit
des vrais bêtes à quatre pattes, des gens pour qui la bêtise semble être une vertu,
une signalisation qui a le don de nous embêter, etc.
On entame le chemin avec la
sensation agréable du vent qui glisse sur nous et qui compense pour le soleil
qui plombe. On roule progressivement et j’aborde les courbes avec appréhension.
En gros je n’ai pas une grande expérience en conduite de moto, ça se résume à
deux étés de scooter à Montréal, une journée de moto au Nicaragua et tout
ça bonifié par trois jours de scooter à
Kathmandu. Bon j’entends plusieurs d’entre vous protester en disant qu’un
scooter ce n’est pas une moto (eh! c’est
vrai, je vous l’accorde.) et qu’en plus c’est automatique, petit et bla bla
bla… Mais sachez que ces trois jours de mobylette au Népal équivalent à deux
ans d’expérience de course professionnelle de moto selon la NBSP (les Normes de BullShit à Philippe). Heureusement que j’ai acquis une mini
expérience de conduite à deux roue parce que c’est un pré requis pour affronter
les routes indiennes.
En ville, petites ou grande, on
s’attend à tout lorsque l’on conduit. Il suffit de simplement marcher pour réaliser l’ampleur du capharnaüm.
Il y a la multitude de piéton, de vendeurs publics, de motos, d’autos, de vaches, de chèvres, d’ânes, de carrioles et
de chameaux qui se rajoute au décor dans le Rajasthan. Mais sur l’autoroute on
s’imagine que la circulation sera plus simple et demandera moins de vigilance.
Détrompez-vous. Bien entendu on n’y retrouve pas tout le cirque ici énuméré
mais notre attention est constamment sollicitée. Les règles sont pratiquement
inexistantes tout comme la limite de vitesse. Mais de toute manières cette
dernière est presque qu’inutiles. À 65
km/h on était plus rapide que la moyenne. Du moins plus rapide que la majorité des
motos et des camions lourds.
Mis a part les fous qui dépassent
tant par la gauche que la droite, on ne cesse d’être surpris. Premier fait inhabituel :
une moto roule à contresens sur la voix d’accotement, puis éventuellement une
seconde et ainsi de suite. L’étonnement diminue progressivement km après km
jusqu’à ce qu’un tracteur à contresens empiète largement sur la voix, un
deuxième et vous connaissez la suite, mais sans oublier la présence des
motocyclettes. Pour ajouter la cerise sur le sundae un putain (pardonnez moi l’expression)
d’autobus voyageur se paie la même astuce et ce en prenant toute la voie de
gauche à une vitesse qui dépasse la notre. À son bord, se trouve un chauffeur
probablement fier de sa « belle » trouvaille pour sauver quelques
petites minutes.
On croyait avoir tout vu!
Qui a dit que les autoroutes
c’est réservé aux véhicules? En fait Noémie et moi on le prétendait, mais on avait foncièrement tord. Avec ma nouvelle vision
périphérique digne de celle de Wayne Grestki et de la vision de Noémie perçante
à la Clark Kent (Superman) on peut maintenant détecter de belles surprises
comme ce type qui avait tout bonnement décidé de traverser les quatre voix avec
son troupeau de chèvres ou encore un, comme plusieurs autres, qui les a
traversées d’un pas nonchalant.
Mis à part les moments ahurissants
durant le trajet, la route était relativement simple à suivre. Pas de
changement d’autoroute avec sortie indiquée à la dernière seconde, ni de pseudo
échangeur Turcot et ni de xxxx turnpike à l’américaine. Noémie est une copilote
tout à fait exceptionnelle. Parce qu’en ville, elle se met à l’action (que ce
soi a pied ou en véhicule) en m’indiquant tout chemin à suivre et ce simplement
par les cartes de notre « bible » lonely planet. Je ne comprends toujours
pas comment elle si prend! Sans elle je serais probablement coincé face à un
quelconque mur, incapable de changer de direction et j’aurais sans doute besoin
de sucer les roches au sol pour survivre. Les cartes du lonely sont des
grossiers résumés des points les plus intéressants d’une ville. On ne peut donc
pas tourner par exemple sur sa prochaine rue à droite comme il est indiqué
parce qu’il y a en réalité plusieurs rue à droite avant celle concernée. De
plus, en Inde les noms de rue ne sont jamais inscrits. Merci Noémie de
m’orienter et surtout dans le cas présent à notre arrivée à Jaipur.
Jaipur est une petite ville pour
l’inde mais composée tout de même de 2,6 millions d’habitants. Ici non plus les
règles ne tiennent pas. Excepté une, conducteur (trice) et passager (ère) portez
votre casque. Sinon vous risquez l’amende, mais vos enfants peuvent vous
accompagner peu importe le nombre, en autant que vous gardiez l’équilibre. Rare
sont les feux de circulation et si il en a, n’en tenez pas compte. Une lumière n’est jamais
totalement verte ou rouge, c’est de la fiction. À moins qu’il y ait un policier
qui assure le bonne ordre et c’est encore subjectif.
Conduire en Inde semble être
aussi périlleux que grimper l’Everest, mais c’est beaucoup plus simple qu’il ne
paraît et c’est malgré certaines frustrations franchement amusant à faire. On
est revenue à bon port sains et saufs dans notre linge empoussiéré, le cou et
les bras beaucoup trop bronzé et une magnifique démarche de cowboy après avoir
passé trop de temps assis sur notre moto.
J'adore !
RépondreSupprimerRaphaël - un français croisé à Sequoia en 2009 ... ;-)
Phil, c'est bon de te lire! je ne connaissais pas ta plume... le voyage te va si bien! Noémie, j'ai tellement hâte de te rencontrer!
RépondreSupprimerPrenez bien soins et embrassez la folie indienne pour moi ;)
Plein d'amour les oiseaux!
Sandie