samedi 29 octobre 2011

Born to be wild

Le temps restant pour la première partie du voyage était court et on voulait profiter de notre dernière semaine en Inde. Initialement on devait passer moins de temps au Népal, mais on a  rallongé notre séjours afin de faire le trek du camp de base des Annapurnas et heureusement que Noémie a su me convaincre (sans difficulté) parce que ce fut probablement l’une de nos meilleurs décisions de voyage à vie. Après Agra notre destination était Pushkar grosso modo au centre du Rajasthan. Avec notre temps restreint on voulait tout de même profiter de cette région absolument sublime en faisant des visites éclaires des villes environnantes. Via  l’autobus les trajets sont toujours très longs  et le train (s’il se rend à la destination souhaitée) doit essentiellement être réservé près de deux semaines à l’avance vue sa popularité. Solution abordable restante : la moto. Ceci dit est-ce j’ai un permis de moto? Dans mon porte feuille j’ai quelque milliers de roupies népalais, quelques centaines de roupies indiens (on se sent très riche avec ces devises étrangères mais ça ne représente que quelques dizaines de dollars), mon permis de conduire classe A5 (avec la coupe de cheveux la plus atroce de l’univers), ma carte d’assurance maladie (avec la même foutu coupe de cheveux et dire que je suis pris avec ces cartes pendant encore quatre ans!) et aucun permis de moto. Qu’est-ce qu’on en a à cirer, on est en Inde!  Même le type à la location n’en a rien à foutre. Il ma expliqué le fonctionnement de la machine en un gros dix seconde après que je lui ai fait croire sans grande conviction que j’avais un minimum d’expérience. Un essai rapide de vingt secondes et ça y est j’men vais chercher Noémie,  avec  deux casques guère plus solides qu’une coquille d’œuf et orné d’un sourire aux lèvres comme un petit garçon qui vient de recevoir son nouveau jouet à Noël. Arrivé à l’hôtel Noémie met sa « protection » sur sa tête et comme deux Calimeros sur une moto on est prêts à partir.
La fameuse coupe de cheveux...



Premier arrêt, le « gas bar ».
-          How much sir?
-          Full thank please. Étant donné la distance à parcourir la quantité nous semble nécessaire. 
-          Full?
-          Yes, full! Je sens que c’est une rare demande. J’me sens comme dans easy riders. On franchi une étape importante en passant de petits oiseaux sympathiques à nomades de la route. Et pour ajouter à notre moment de gloire le pompiste rajoute d’une voix ébahis ;
-          Ça c’est une bonne machine tu  peux aller jusqu’à au moins …70 km/h!

 Houuuuuu! À cheval sur notre monstre de 125cc on est gonflés à bloc pour affronter la jungle asphaltée qui sépare Pushkar de Jaipur. Parlant de jungle, on y rencontre plusieurs types de bêtes. On y voit des vrais bêtes à quatre pattes, des gens pour qui la bêtise semble être une vertu, une signalisation qui a le don de nous embêter, etc.

On entame le chemin avec la sensation agréable du vent qui glisse sur nous et qui compense pour le soleil qui plombe. On roule progressivement et j’aborde les courbes avec appréhension. En gros je n’ai pas une grande expérience en conduite de moto, ça se résume à deux étés de scooter à Montréal, une journée de moto au Nicaragua et tout ça  bonifié par trois jours de scooter à Kathmandu. Bon j’entends plusieurs d’entre vous protester en disant qu’un scooter ce n’est pas  une moto (eh! c’est vrai, je vous l’accorde.) et qu’en plus c’est automatique, petit et bla bla bla… Mais sachez que ces trois jours de mobylette au Népal équivalent à deux ans d’expérience de course professionnelle de moto selon la NBSP (les Normes de BullShit à Philippe).  Heureusement que j’ai acquis une mini expérience de conduite à deux roue parce que c’est un pré requis pour affronter les routes indiennes.

En ville, petites ou grande, on s’attend à tout lorsque l’on conduit. Il suffit de simplement  marcher pour réaliser l’ampleur du capharnaüm. Il y a la multitude de piéton, de vendeurs publics, de motos, d’autos,  de vaches, de chèvres, d’ânes, de carrioles et de chameaux qui se rajoute au décor dans le Rajasthan. Mais sur l’autoroute on s’imagine que la circulation sera plus simple et demandera moins de vigilance. Détrompez-vous. Bien entendu on n’y retrouve pas tout le cirque ici énuméré mais notre attention est constamment sollicitée. Les règles sont pratiquement inexistantes tout comme la limite de vitesse. Mais de toute manières cette dernière est presque qu’inutiles.  À 65 km/h on était plus rapide que la moyenne. Du moins plus rapide que la majorité des motos et des camions lourds.

Mis a part les fous qui dépassent tant par la gauche que la droite, on ne cesse d’être surpris. Premier fait inhabituel : une moto roule à contresens sur la voix d’accotement, puis éventuellement une seconde et ainsi de suite. L’étonnement diminue progressivement km après km jusqu’à ce qu’un tracteur à contresens empiète largement sur la voix, un deuxième et vous connaissez la suite, mais sans oublier la présence des motocyclettes. Pour ajouter la cerise sur le sundae un putain (pardonnez moi l’expression) d’autobus voyageur se paie la même astuce et ce en prenant toute la voie de gauche à une vitesse qui dépasse la notre. À son bord, se trouve un chauffeur probablement fier de sa « belle » trouvaille pour sauver quelques petites minutes.

On croyait avoir tout vu!

Qui a dit que les autoroutes c’est réservé aux véhicules? En fait Noémie et moi on le prétendait, mais on avait  foncièrement tord. Avec ma nouvelle vision périphérique digne de celle de Wayne Grestki et de la vision de Noémie perçante à la Clark Kent (Superman) on peut maintenant détecter de belles surprises comme ce type qui avait tout bonnement décidé de traverser les quatre voix avec son troupeau de chèvres ou encore un, comme plusieurs autres, qui les a traversées d’un pas nonchalant.

Mis à part les moments ahurissants durant le trajet, la route était relativement simple à suivre. Pas de changement d’autoroute avec sortie indiquée à la dernière seconde, ni de pseudo échangeur Turcot et ni de xxxx turnpike à l’américaine. Noémie est une copilote tout à fait exceptionnelle. Parce qu’en ville, elle se met à l’action (que ce soi a pied ou en véhicule) en m’indiquant tout chemin à suivre et ce simplement par les cartes de notre « bible » lonely planet. Je ne comprends toujours pas comment elle si prend! Sans elle je serais probablement coincé face à un quelconque mur, incapable de changer de direction et j’aurais sans doute besoin de sucer les roches au sol pour survivre. Les cartes du lonely sont des grossiers résumés des points les plus intéressants d’une ville. On ne peut donc pas tourner par exemple sur sa prochaine rue à droite comme il est indiqué parce qu’il y a en réalité plusieurs rue à droite avant celle concernée. De plus, en Inde les noms de rue ne sont jamais inscrits. Merci Noémie de m’orienter et surtout dans le cas présent à notre arrivée à Jaipur.

Jaipur est une petite ville pour l’inde mais composée tout de même de 2,6 millions d’habitants. Ici non plus les règles ne tiennent pas. Excepté une, conducteur (trice) et passager (ère) portez votre casque. Sinon vous risquez l’amende, mais vos enfants peuvent vous accompagner peu importe le nombre, en autant que vous gardiez l’équilibre. Rare sont les feux de circulation et si il en a, n’en  tenez pas compte. Une lumière n’est jamais totalement verte ou rouge, c’est de la fiction. À moins qu’il y ait un policier qui assure le bonne ordre et c’est encore subjectif.

Conduire en Inde semble être aussi périlleux que grimper l’Everest, mais c’est beaucoup plus simple qu’il ne paraît et c’est malgré certaines frustrations franchement amusant à faire. On est revenue à bon port sains et saufs dans notre linge empoussiéré, le cou et les bras beaucoup trop bronzé et une magnifique démarche de cowboy après avoir passé trop de temps assis sur notre moto.

2 commentaires:

  1. J'adore !
    Raphaël - un français croisé à Sequoia en 2009 ... ;-)

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  2. Phil, c'est bon de te lire! je ne connaissais pas ta plume... le voyage te va si bien! Noémie, j'ai tellement hâte de te rencontrer!
    Prenez bien soins et embrassez la folie indienne pour moi ;)

    Plein d'amour les oiseaux!
    Sandie

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