dimanche 2 octobre 2011

Tout ce qui monte redescend


Pokhara, Népal

AVERTISSEMENT : c’est une très longue entrée ! On a beaucoup de chose à vous raconter : si vous êtes pressés, revenez plus tard, on est pas regardants. Vous serez récompensés par une tonne de photos des paysages les plus impressionnants qu’on ait jamais vus.

À Chitwan, on a pris une décision. On devait repartir vers l’Inde quelques jours plus tard mais on a décidé de prolonger de 2 semaines notre  visa au Népal pour aller marcher l’un des treks le plus prisé au monde : Le camp de base des Annapurnas. Cette marche débute près de Pokhara à environ 1000 mètres d’altitude et nous amènera à 4130 mètres au pied de certaines des plus hautes montagnes du monde.



On est un peu nerveux, c’est notre premier trek et ce n’est pas n’importe lequel ! On se prévoit 10-12 jours pour accomplir le trajet. On sait que l’on sera loin de tout, surtout des soins médicaux. Et pas de téléphone ni d’internet pendant tout ce temps. C’est une vraie cure de désintox… C’est quand, vous, la dernière fois que vous avez été sans communication avec le monde pendant 10 jours ? Nous on s’en souvient pas. 

On fait notre sac :
Caméra : Check !
Imperméable : Check !
Bouteille d’eau : Check !
Biscuit au peanut (Phil a peur d’avoir faim) : Check !
Papier cul : Check !
-         Combien de bobettes t’amènes toi ?
-          Bah, trois paires…
On est prêts !

Jour 1 : Phedi (1190m) – Landruk (1620)
On débute le trek à Phedi. L’autobus nous débarque en plein milieu de nul part. Le chauffeur nous pointe un escalier de pierres taillées à travers la jungle comme on en verra tant durant notre marche :
-          Here ! You go up !
-          Déjà ?
Ouf ! Ça commence raide ! Une montée dans des escaliers presque verticaux pendant les 30 premières minutes. On arrive en haut en sueur, le cœur qui débat et on se demande si on va passer au travers.
-          Penses-tu que ça va être de même tout le long ?
-         
-          Ouch.
Il commence à pleuvoir. Notre linge ne sèchera pas pour les 7 prochains jours mais on ne le sait pas encore : le moral est à son plus haut ! En chemin, On croise pleins de petits villages avec des maisons en briques blanches entourées des rizières en terrasse. On apprécie le fait que ça brise le trajet en étape et on se donne des défis.
-          Déjà Tolka ?
-          Ouaip !
-          Wooow ! On est tellement en feu !
-          Ouaip (Phil se donne un bec sur le bicep)
-          On continue plus loin ?
-          Mets-en !
En arrivant à Landruk ce soir là, la bière hors de prix est bien méritée ! Il faut mentionner que la vie est plus chère dans les montagnes, entre autre parce que tout ce qui n’y est pas produit sur place y est amené à dos d’homme. Sur les sentiers, on s’exclame en croisant des hommes et des femmes de tout âge transportant des denrées et des matériaux de construction dans des paniers de bamboo tissés attachés à leur front.
-          Hey regarde ça ! Le gars transporte une poutre de 20 pieds sur son dos !
-          Et lui des feuilles de tôle ondulée !
-          Et ils sont en gougounes !!
On se sent soudainement ti-counes, en sueur avec nos sacs de 5kg sur le dos et nos souliers de marche dernier cri…

Ça c'est la photo avant 

Landruk vu de notre lodge

Vue typique dans sur la trail


Jour 2 : Landruk (1620m)-Bamboo (2310m)
Les courbatures dans nos jambes nous réveillent avant le cadran.
On discute avec des locaux sur place et on leur fait part de notre objectif de se rendre jusqu’à Bamboo.
-          Oubliez ça ! C’est impossible. Aujourd’hui, vous atteindrez Jihnu ou Chhomrong si vous êtes en forme
Il nous pointe une montagne lointaine et quelques petits points complètement en haut :
-          Ça c’est Chhomrong. C’est loin.
7h05, on est partis. Comme on est tête de cochon, on a encore l’objectif de se rendre jusqu’à Bamboo. À 10h, on est à Jihnu (1750m), en bas de la montagne et on regarde Chhomrong, en haut de la montagne.
-          *Soupir*
On monte des escaliers sous le soleil plombant. Nos vêtements auraient pu sécher si ce n’était de notre sueur (ici on vous rappelle qu’on a amené 3 paires de bobettes). On se concentre sur notre respiration et on ne suit qu’une seule règle : Ne pas regarder en haut. Arrivés à Chhomrong, le chemin redescend tout ce que l’on venait tout juste de monter pour traverser une rivière au pied de la montagne. On se sent trahis et on en viendra à exécrer le bruit des rivières. On atteint Bamboo à 16h00, super fiers. On bombe un peu le torse quand la dame qui tient la Guest House s’étonne de nous voir arriver de si loin. Jamais une douche chaude n’aura été autant la bienvenue (On pu !)
Un escalier typique. C'est comme ça tout le temp...

Vue de la vallée. Si il faisait beau, on verrait les sommets enneigés derrière. C'est beau en «ta» pareil  ! La petite ligne au fond de la vallée loin devant, c'est Bamboo vue du village d'avant. On en a encore pour une bonne heure et demi...

Un petit pont rassurant. 

Des chutes, on en voit à tous les 100 mètres mais on s'excite à chaque fois pareil. PHIIIILL ! UNE CHUTE !!! PREND UNE PHOOOTOOOO !

Noémie sur la trail. 

Jour 3 : Bamboo (2310m) – Annapurna Base Camp (4130m)
On a vraiment les jambes mortes et on se lève fatigués. On se dit que l’on ira surement pas très loin ce jour-là (Deorali : 3100m).  A partir de cette journée, le chemin monte sans arrêt jusqu’au camp de base (fini la trahison du monte-descend). Pourtant, on atteint notre objectif avant midi ! On décide alors d’y aller «all the way» et de monter jusqu’au camp de base, ce qui représente une montée de près de 2000 mètres. On prie intérieurement pour ne pas avoir de problème avec le mal aigu des montagnes qui peut représenter un problème majeur au-delà des 3000m d’altitude. Heureusement, à part le souffle un peu plus court, on est épargnés.

Pendant l’après-midi, la brume se lève. On ne voit pas plus loin que le bout de notre nez. La longue marche est d’autant plus difficile puisque l’on ne voit ni l’objectif à atteindre, ni le trajet accompli. À la mi-chemin, une éclaircie découvre soudainement le sommet d’Annapurna South. Le souffle coupé, on n’ose plus bouger. C’est majestueux ! L’éclaircie ne durera que quelques minutes mais nous donnera l’énergie de continuer jusqu’au camp de base. Ce soir-là, dans le froid et l’humidité (sérieusement, on avait l’impression que les draps étaient complètement mouillés !!) de notre mini-chambre, on a prié pour que le ciel se dégage et que l’on puisse voir le soleil se lever sur les montagnes le lendemain matin.
Une éclaircie nous permet de voir Annapurna south 

On est presque arrivés !! 

Jour 4 : Annapurna Base Camp (4130m)- Bamboo (2310m)
5h15, le réveil sonne : nos jambes sont officiellement mortes. On sort presqu’en courant pour voir et comble du malheur, c’est brumeux ! NOOOOOONNN ! On se contente de quelques parcelles de montagne qui percent la brume en sacrant un peu pour se rendre compte que la vue se dégage graduellement. On découvre le paysage le plus majestueux qu’on n’ait jamais vu. Devant nous (littéralement devant nous) se dressent, entre autre, Annapurna South (7273m), Annapurna I (8091m), Annapurna III (7555m) et Machhapuchhare (6997m). Le lever du soleil colore progressivement les montagnes de rose et de doré. On est tout simplement bouche bée.
-          ….
-          ….
En baissant les yeux, on découvre que l’on se tient sur une moraine glaciaire (accumulation de sédiments déposés sur la marge des glaciers)  d’une hauteur de 100mètres et que s’étendent devant nous plusieurs glaciers. On est encore plus bouche bée ! Quand on en a plein de les yeux et la mémoire (et une carte mémoire de caméra presque pleine), on recommence à descendre presqu’à reculons. On ne veut pas perdre les montagnes de vue.

On passera la journée à descendre et on s’étonne de voir tout ce qu’on avait monté ! Drôlement, on trouve la descente plus difficile que la montée. Finalement on aimait bien ça monter… En chemin, on rencontre une famille de 6 Québécois (2 parents et 4 enfants !) qui montent vers le camp de base.   Eux aussi voyagent en Asie pendant un an. Ceux qui connaissent notre envie de réaliser un projet similaire quand on aura des enfants comprendront qu’on a eu un gros coup de cœur. On vous invite fortement à visiter leur blogue si le cœur vous en dit : www.lesyeuxdebrides.blogspot.com.

En arrivant à Bamboo ce soir-là on décide que, comme on est vraiment à l’avance sur notre planning (3jours d’avance), on pourrait faire un petit détour de 2 jours vers Poon Hill, où on est supposé d’y voir l’une des vues les plus impressionnantes du monde.
Phil devant Annapurna I (8091m)

Noémie devant Annapurna South (7273) Voyez-vous les reflets du soleil à droite ? 

Le lever du soleil sur Annapurna I


Machhapuchhare (6997m), la montagne sacrée. Son nom veut dire queue de poisson ;)

Ben oui, des inukchuks !

Noémie qui s'excite ! Avez-vous vu la surface du glacier ? Il y a de quoi s'exciter vraiment !

Le soleil nous accompagne alors que l'on commence la descente. Quelle vue non ? 



Phil en conquérant 

Ce que vous voyez dans le fond de la vallée c'est le glacier recouvert de roche. Il continue sur des kilomètres. À droite c'est le camp de base qui se situe sur la moraine !|

Un troupeau de mouton qui se réveille tranquillement au pied de Annapurna south

C'est là qu'on a dormi !



Jour 5- Bamboo (2310) – Chuile
On ne sent plus nos jambes. Il mouille. On maudit les cieux pour cette mousson interminable avant de recommencer à marcher dans les montées en dent de scie. On hallucine sur les escaliers qui s’étendent à l’infini. On pense au travail colossal qu’il y a derrière la construction de ces centaines de millier de marches alors que l’on croise des équipes d’hommes affairés à tailler à la main les pierres qui composeront ces marches. La pluie ne s’arrêtera pas cette journée-là et le chemin devient propice aux glissements de terrain. On croise des gens qui rebroussent chemin devant le danger imminent.

Jour 6 : Chuile (2150m)-Ghorepani (2874m)
S’en est fini de nos jambes. Il pleut toujours sans arrêt. C’est dur pour le moral de marcher de si longues journées dans la brume, la pluie et le froid. Le défi de la montée est passé, on a eu la carotte au bout du bâton et avec cette pluie, on voit nos chances de voir Poon Hill le lendemain matin se réduire à néant (à cause des nuages).

On arrêté de croire en la possibilité de vêtements secs.

Malgré tout, on monte pendant près de 6 heures jusqu’à Ghorepani. On se couche tôt car le lendemain, on part à 4h30 pour voir le soleil se lever sur Poon Hill, à une heure de marche de Ghorepani.

Jour 7 : Ghorepani (2874)-Poon Hill (3210) / Poon Hill (3210)- Naya Pul (1000)
4h30 : Notre réveil sonne, on entend les voisins qui se lèvent. On fait du déni. Il fait noir et c’est brumeux dehors. On se rendort.
5h50 : On se réveille en panique. On regarde dehors : MERDE C’EST DÉGAGÉ !!!
La dame qui tient le guest house nous regarde partir en courant en faisant «non» de la tête, découragée par ces trekkeurs paresseux qui ont passé tout droit. On monte Poon Hill en 30 minutes (plutôt que 60) l’estomac vide en se maudissant intérieurement. Arrivés en haut, on est récompensés par la vue. Devant nous, c’est tout le «range» des Annapurnas qui  se dresse. C’est tout simplement incroyable. Ça accote presque le camp de base. Étant arrivés les derniers, on est les derniers à repartir et on a le plaisir d’être seuls devant cette toile magnifique. On réalise toute la chance que l’on a. Non seulement on a pu voir les montagnes au camp de base mais on les aura aussi vues à Poon Hill. Les trekkeurs qui sont passés les jours qui nous ont précédés et qui nous ont suivis n’ont pas eu cette chance. On est officiellement béni des dieux. C’est à ce moment qu’on réalise que *miracle* on a pas mal aux jambes !!!

Ça va bien et on est de bonne humeur. Sur notre lancée, on décide de redescendre à Pokhara d’un coup. Ça descend sans arrêt pendant près de 6 heures le long de plusieurs milliers de marches d’escalier ! On est vraiment contents de descendre et non de monter ! On partage le chemin avec plusieurs troupeaux de chèvres et de moutons qui sont guidés vers Pokhara. On trouve le portrait super bucolique jusqu’au moment où nous explique qu’ils seront sacrifiés pour le festival de Dasain (près de 10 000 animaux sont sacrifiés à travers le Népal pendant cette fête). On  est en vraiment en chemin vers la civilisation (ou pas)     

Puis, il se remet a pleuvoir (ça faisait longtemps… ou pas). C’est un véritable déluge. Heureusement, on en a finit avec les escaliers qui doivent être extrêmement glissants. On finit notre trek complètement trempés : 2 minutes de plus on se noyait. Vivement la douche chaude !!
C'est de là qu'on arrive

On est ben contents d'avoir une si belle bue mais ouf ! il est tôt ! 

Mont Daulagiri 8100 mètres.

En contemplation

Un p'tit thé devant une des plus belles vues du monde. Pourquoi pas ?


Les moutons dans le couloir de la mort...

Mot de la fin.
On est vraiment fiers. On a accompli en 7 jours un trek que l’on pensait faire en 10 jours. On n’en revient pas encore de la chance que l’on a eu de voir les montagnes du camp de base et de Poon Hill. Pour se récompenser on est allés se faire masser par des aveugles une fois de retour à Pokhara. C’est une entreprise qui donne du travail aux aveugles qui généralement sont marginalisés au Népal. On a pu bénéficier de leur sens du toucher plus développé (l’entreprise s’appelle Seeing Hands) et on a vécu une expérience pas trop désagréable pour ne pas dire fantastique (c’est dur la vie ;). Enfin, sous la recommandation de notre famille de Québécois, on est allé manger une des meilleures pizzas du monde  (enfin, Noémie a mangé une pizza…). Merci les amis, c’est vrai qu’elle était ÉCOEURANTE (pour être allée à Venise moi aussi, j’approuve qu’elle rivalise haha !). 

1 commentaire:

  1. Ouille! Voilà qui fait mal! ;-)

    Très contente d'avoir échangé nos adresses de blogues. On espère vraiment vous recroiser... j'ai bon espoir, c'est si petit le monde!

    RépondreSupprimer